Un plaidoyer pour les réfugiés
En 140 minutes, l’artiste chinois Ai Weiwei a la prétention d’expliquer la crise mondiale des réfugiés… et il y parvient presque !
En janvier 2016, Ai Weiwei fait les manchettes. Le dissident chinois est en Grèce et pose, devant la caméra d’un photographe de presse, dans la même position qu’Alan Kurdi, ce garçon syrien dont le corps a été retrouvé sur le rivage, face contre terre. Si l’artiste se trouve dans ce lieu, c’est parce qu’il est en train de tourner ce qui deviendra Human Flow, un documentaire-fleuve qui tente de recenser et d’expliquer – à quelques exceptions près – toutes les situations actuelles qui génèrent des déplacements de population.
S’ouvrant en Méditerranée, Human Flow débute avec la crise des réfugiés syriens qui constitue d’ailleurs une sorte de fil conducteur, le réalisateur y revenant à plusieurs reprises, tant pour expliquer les fermetures de frontière que le fait que des millions de personnes sont désormais massées en Turquie et en Jordanie en attente d’un règlement hypothétique de leur situation.
IMAGES-CHOCS
On y voit quantité de moments qui brisent le coeur, comme cette femme faisant dos à la caméra, incapable de parler en raison de ses larmes ou ce père de famille qui montre les tombes des siens, noyés lors d’une tentative de franchissement de la Méditerranée.
En cours de route, pourtant, Ai Weiwei semble se perdre dans sa propre réflexion. Est-ce parce qu’il se met relativement souvent en scène ? Est-ce en raison d’un manque de linéarité de la présentation? Est-ce, au contraire, à cause du mélange entre plans résolument artistiques et plans résolument « politiques » ?
Malgré tout, on ne peut que saluer la passion qui l’anime, l’effort titanesque et les réflexions soulevées.