Ils ne veulent pas que l’ex-maire agresseur obtienne un contrat
Des citoyens manifestent contre sa présence dans les locaux de Baie-Trinité
BAIE-TRINITÉ | Des citoyens de Baie-Trinité ont manifesté pour dénoncer l’intention de leur conseil municipal d’accorder un contrat à l’ex-maire du village condamné pour avoir agressé une employée municipale sur son lieu de travail.
Une soixantaine de manifestants se sont rassemblés hier, à Baie-Trinité, sur la Côte-Nord, pour faire valoir leur mécontentent.
L’ex-maire de la municipalité de 400 habitants, Denis Lejeune, a démissionné en août après une longue saga devant les tribunaux. Il a finalement été condamné pour agression sexuelle envers la secrétaire-trésorière de Baie-Trinité.
PRÉSENCE DÉRANGEANTE
Le ministère des Affaires municipales a fait part à la fin du mois de septembre de ses inquiétudes par lettre aux élus toujours en poste.
La présence de l’ex-maire dans les bureaux de la municipalité « préoccupait » Québec, de même que l’intention du conseil municipal de lui accorder un contrat dont la nature n’était pas spécifiée.
Selon plusieurs sources, il serait question d’un contrat en lien avec le développement économique du village.
« Assez c’est assez. Il n’y a plus personne qui le veut là », a scandé Diane Lebrasseur, une résidente qui a participé à la manifestation.
« Avec tout ce qui s’est passé dans le village depuis cinq ans, il faut que le monde s’ouvre les yeux », a-t-elle dit.
C’est la première fois que des citoyens du village manifestaient contre l’ex-maire agresseur.
« Nous n’avons pas osé avant par crainte de représailles », a précisé Diane Lebrasseur.
En juin 2016, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Regroupement des femmes de la Côte-Nord ont organisé une manifestation devant les bureaux de municipalité.
Une centaine d’employés syndiqués étaient venus par autobus de partout au Québec, en soutien à Caroline Lamarre, la victime de Denis Lejeune.
Le député péquiste du comté, Martin Ouellet, était présent.
« On a un maire reconnu coupable qui à un ou deux jours d’être destitué a décidé de démissionner et qui par la porte d’en arrière reviendrait et obtiendrait un contrat pour la municipalité. Pour moi, c’est une aberration totale », a-t-il dit.
CANDIDATS ABSENTS
Les deux candidats à la mairie de Baie-Trinité n’ont pas pris part à la manifestation. Marc Tremblay ne souhaitait pas rendre l’événement partisan, tandis que la campagne électorale bat son plein.
« Normalement, il [Denis Lejeune] ne devrait pas se retrouver dans cette situation-là et occasionnellement il se trouve dans les bureaux de la municipalité avec les élus. Il semble vouloir s’accrocher au titre qu’il avait autrefois, mais nous sommes en démocratie, il devrait laisser sa place à d’autres », a-t-il dit.
Le maire sortant de Baie-Trinité et candidat à la mairie, Victor D’Amours, était aussi absent du rassemblement. Il n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues.