Coderre, l’homme le plus haï de l’Ouest
Le maire de Montréal incarne tout ce que plusieurs Canadiens des prairies reprochent au Québec
CALGARY | Les Albertains ont beau être fort différents d’un coin à l’autre de la province, une chose les unit presque tous. Il s’agit d’une haine collective et féroce pour… Denis Coderre, le maire de Montréal.
« Les Albertains souffrent financièrement plus que jamais aujourd’hui. Donc, lorsqu’ils voient des gens comme Denis Coderre danser sur la tombe d’Énergie Est pour célébrer la mort du pipeline, ça génère une colère d’une ampleur que je n’ai jamais vue », lance, d’un ton frustré, Danielle Smith, une animatrice d’une station de radio à Calgary.
L’ancienne chef du parti provincial albertain Wildrose est loin d’être la seule à évoquer avec haine le nom du premier citoyen de Montréal. En effet, de la vingtaine d’intervenants interrogés par Le Journal à travers les prairies, tous sans exception ont déclaré que l’un des hommes les plus détestés en Alberta est Denis Coderre. Les citoyens semblent en avoir fait le symbole incarnant tout ce qui les dérange.
« DÉGOÛTANT »
« Hypocrite », « arrogant » et même « dégoûtant » étaient parmi les mots les plus polis employés par ces intervenants pour définir le maire de la métropole qui s’est récemment félicité du fait qu’Énergie Est soit mort à cause du « leadership de Montréal ».
Peu de gens sont autant caricaturés, voire ridiculisés, que le maire, dans l’Ouest. Les reproches des Canadiens des prairies envers Coderre sont nombreux.
« Il m’inspire énormément de colère. Sa réaction à la mort d’Énergie Est est incroyablement insultante pour tous les Albertains et il représente bien l’arrogance des politiciens de votre province », dit Kelly Borden, un Albertain qui travaille dans l’industrie pétrolière.
Le maire s’est aussi attiré les critiques pour sa vive opposition au processus de consultation de l’entreprise TransCanada. M. Coderre s’est fortement opposé à la tenue d’audiences de l’Office national de l’énergie après que le National Observer eut relevé de nombreux conflits d’intérêts des commissaires qui devaient évaluer de façon indépendante le projet.
« FLUSHGATE »
Étonnamment, ce qui a le plus frappé l’imaginaire dans l’Ouest est l’épisode du « flushgate ». Le maire a semé la controverse en 2015 en décidant de verser des millions de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent.
C’en est trop pour ceux de l’Ouest qui dénoncent le discours contradictoire du maire quant à l’environnement, lui qui a répété qu’il s’opposait au pipeline Énergie Est pour des raisons « environnementales ».
« Comment est-ce qu’un maire qui se vante d’être environnementaliste peut-il bien refuser un pipeline qui transportera du pétrole propre de l’Alberta, alors qu’il se sert de ses pipelines pour déverser des égouts dans le fleuve ? C’est d’une hypocrisie dégoûtante », s’insurge Mme Smith. « Les Albertains détestent Denis Coderre. C’est un
nobody, un moins que rien, mais qui a l’oreille de Justin Trudeau », ajoute Nick Delibasic, de Cold Lake.
En ce qui a trait au pipeline, le maire de Montréal réplique que « ma priorité était le bien-être des gens de Montréal [...] Il était important pour moi que l’on puisse se tenir debout devant un projet mal ficelé qui ne passait ni le test des retombées économiques ni celui de la protection de l’environnement. »