Le Journal de Montreal

1. MAURICE RICHARD

Le poids de tout un peuple

- -– Écrit par Réjean Tremblay

…Tout avait été prévu et minuté. Chorégraph­ié avec soin.

Tout… tout sauf l’ovation du Rocket. Les gens ont applaudi avec chaleur Guy Lafleur. Puis Yvan Cournoyer, Henri Richard, Jean Béliveau et les autres. Mais quand Richard Garneau a lu le texte de présentati­on de Maurice Richard, qui se terminait par « D’autres ont marqué plus de buts que le Rocket, mais jamais on ne les a marqués comme Maurice Richard le faisait. Mesdames et messieurs… Monsieur Hockey ! », ça a été instantané. Vibrant. Puis l’ovation a continué et continué d’enfler, pendant que Maurice, seul sur son bout de tapis rouge, ne savait plus comment réagir. Après quelques minutes, Elmer Lach et Émile Bouchard se sont approchés de lui pour l’aider à porter sur ses épaules le poids de cette ovation chargée de toutes sortes d’émotions.

D’ailleurs, Maurice ne souriait pas. Il levait à peine les deux mains pour dire « C’est assez ». Mais l’ovation se poursuivai­t et encore une fois, on aurait dit que c’était le poids d’un peuple que Maurice portait sur ses épaules. Après toutes ces années, quand on en regarde les vidéos, au bout de cinq ou six minutes, on est presque mal à l’aise tellement l’ovation semble lourde.

Richard Garneau, en maître de cérémonie expériment­é, a bien tenté de relancer la soirée, mais les gens l’ont vite enterré en relançant les applaudiss­ements. Cette fois, les yeux du Rocket se sont humidifiés, comme s’il devenait conscient de l’ampleur et de l’ardeur de cet amour du peuple.

À Las Vegas, René Angélil regardait la diffusion de la cérémonie à TQS grâce à un satellite et pleurait à chaudes larmes.

Sur le banc des joueurs, les jeunes du Canadien avaient les yeux grands ouverts. Surtout les Québécois comme Pierre Turgeon et Patrice Brisebois. Ils réalisaien­t pour de bon la valeur de l’héritage qu’on leur confiait…

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