10. YVAN COURNOYER

Une leçon

…« J’ai gagné dix fois la coupe Stanley avec le Canadien, mais je me souviens davantage de celle qu’on a perdue en 1967 », confie-t-il.

« Cette défaite m’a marqué au fer rouge. On avait encaissé un bon coup de poing en pleine face ce printemps-là. À l’âge de 23 ans, j’ai reçu une leçon qui m’a servi durant toute ma carrière, soit de ne jamais prendre un adversaire à la légère. C’est peut-être fou à dire, mais cette défaite m’a permis de gagner plusieurs autres coupes par la suite. Ça m’a aidé à devenir un meilleur joueur. »

Cournoyer sait de quoi il parle. Seul Henri Richard a soulevé la coupe Stanley plus souvent que lui, avec un record de 11 conquêtes.

« On avait pris les Maple Leafs à la légère, avoue-t-il aujourd’hui. On l’a amèrement regretté, surtout que cet humiliant revers a empêché le Canadien de réaliser une séquence de cinq conquêtes d’affilée.

« Ce fut toutefois un mal pour un bien, parce que le sentiment amer de cette défaite m’est resté sur le coeur. Chaque année, je voulais soulever la coupe afin de pouvoir chasser ce douloureux souvenir. Ce fut une leçon de vie. J’ai compris qu’on ne peut jamais rien tenir pour acquis. Dans notre tête, la coupe Stanley était déjà gagnée avant le début de la finale. On se croyait invincibles puisqu’on avait éliminé facilement les Rangers de New York en quatre matchs. »

Cournoyer se rappelle que la direction du Canadien avait commandé de grosses valises pour les offrir aux joueurs, valises sur lesquelles était inscrit « Champion de la coupe Stanley 1967 ».

« Si je me souviens bien, c’était un cadeau pour souligner l’Exposition universelle. Les valises, on ne les jamais vues ! » précise Yvan en riant...