Un précieux legs pour les Québécois
Le plus grand héritage laissé par René Lévesque est la « fierté d’être Québécois », un legs qui transcende les allégeances politiques, selon l’ex-première ministre Pauline Marois.
« Je crois que René Lévesque nous a amené une dose de fierté extraordinaire. Avec la fierté vient la confiance en nous. Tout ça va ensemble », lance Pauline Marois, qui a rejoint la première fois le Conseil des ministres sous le gouvernement de René Lévesque, au début des années 1980. « Il m’a fait confiance », se souvient-elle, un brin nostalgique.
Cette fierté d’être Québécois va bien au-delà de la joute politique, soutient l’ancienne chef du Parti québécois. « Peu importe de quelle allégeance on est, peu importe même d’où on vient. Si on est un nouveau Québécois, de participer à une société qui est fière d’elle-même, on devient aussi fier d’en être des citoyens. Ça aussi pour M. Lévesque, ça avait une grande importance », dit-elle.
Mme Marois n’a que de bons mots pour le fondateur du Parti québécois, un homme « intègre », qui aimait « profondément » le Québec. S’il pouvait se montrer autoritaire et critiquer la lourdeur de l’appareil gouvernemental, il éprouvait tout de même un grand respect pour les fonctionnaires et savait être à l’écoute des citoyens, soutient-elle.
L’ex-politicienne se souvient d’ailleurs d’un appel reçu par l’ancien premier ministre, alors qu’elle était ministre de la Main-d’oeuvre et de la Sécurité du revenu. M. Lévesque avait rencontré des citoyens qui lui avaient fait part de certaines insatisfactions concernant des services qui relevaient de son ministère.
« Il m’appelait pour me dire de me préoccuper de cette réalité-là, se souvient-elle. Et je trouvais ça très important, parce qu’un premier ministre a toujours bien des choses à prendre en compte dans son travail. Mais d’être aussi capable d’être à l’écoute au quotidien des gens qui vivent des problèmes dans leurs relations avec l’État, c’était une de ses grandes forces. »
MILITANTISME
S’il était des nôtres, René Lévesque serait particulièrement fier de « ce qui fait la richesse de la nation québécoise », estime-t-elle. « Sa langue, sa culture, son histoire. Je crois que notre formation politique n’a jamais trahi ces grands idéaux-là », assure-t-elle.
Il pourrait être fier aussi du « militantisme important » rattaché au Parti québécois. « On a plus de membres que le total des membres des autres formations politiques au Québec. Ce n’est pas négligeable. On a réussi à maintenir ça. »
Non seulement le Parti québécois a les rangs bien garnis, mais la relève est là, se félicite-t-elle. Surtout que vers la fin de ses années en politique, René Lévesque était grandement préoccupé par l’importance d’octroyer une meilleure place à la jeunesse québécoise. « Lui donner de meilleurs moyens de s’exprimer et de contribuer à la société », résume la femme politique.
SOURCE D’INSPIRATION
Bien que plusieurs nouveaux militants n’aient pu être témoins directs des actions politiques de René Lévesque, ce dernier demeure une source d’inspiration pour plusieurs d’entre eux. « C’est assez étonnant. Ces jeunes-là s’y réfèrent. Il reste qu’il a eu une empreinte tellement importante sur notre vie collective. Même si on ne l’a pas connu, on en est quand même les héritiers. »
Et dans l’attente de la souveraineté rêvée par M. Lévesque, il importe « d’être capable de défendre le Québec sur tous les fronts, à tous égards, et de maintenir encore une fois cette richesse qu’est notre culture, notre langue et notre apport au monde par notre différence », termine Mme Marois.