L’homme des grands changements
Trente ans après le décès de René Lévesque, des centaines de personnes s’arrêtent chaque année devant sa statue grandeur nature à New Carlisle, son village natal en Gaspésie, pour lui parler à haute voix, y laisser des roses ou des mots, certains laissant même une cigarette allumée entre ses doigts.
René Lévesque a grandi à New Carlisle, en Gaspésie, de 1922 à 1937. La plupart de ses amis d’enfance sont décédés, mais sa mémoire est en voie d’être honorée plus que jamais.
« Douze mois par année, même quand il y a des bancs de neige, il y a des gens qui s’arrêtent régulièrement devant sa statue », observe la directrice générale de la municipalité de 1300 habitants dont la moitié est anglophone, Denise Dallain.
Ils lui parlent à haute voix, écrivent des mots de remerciement, et certains déposent même des cigarettes entre les doigts de la statue en souvenir de l’image de René Lévesque, réputé pour être un gros fumeur.
Depuis 2013, une exposition sur son enfance attire à elle seule quelques centaines de personnes chaque année au Centre culturel et d’interprétation Kempffer.
L’ESPACE RENÉ-LÉVESQUE
L’an prochain, on y inaugurera l’Espace René-Lévesque, qui a coûté plus de 2 M$ et qui comprend un pavillon d’accueil et une salle de projection, ainsi qu’un circuit extérieur en huit stations sur les grandes étapes de sa vie.
« Au départ, l’idée était de sauver la maison d’enfance de René Lévesque », raconte Louis Bernard, président de la Fondation de la Maison René-Lévesque. Personne n’a toutefois réussi à s’entendre avec le propriétaire de la maison, qui a dépéri avec le temps. Un terrain a finalement été acheté à 400 mètres de là pour créer l’espace.
Le gouvernement a toutefois annoncé récemment qu’il entamera un processus d’expropriation pour sauver cette maison classée immeuble patrimonial.
IL « POLARISE LES OPINIONS »
La majorité des résidents de New Carlisle reconnaît que René Lévesque a été un grand Gaspésien et qu’il amène son lot de retombées touristiques. Une très faible minorité serait réticente.
« C’est un personnage qui polarise les opinions. Ce n’est pas tout le monde qui apprécie qu’on honore sa mémoire. La question référendaire a divisé et déchiré des familles, ici, c’est peut-être plus dû au facteur anglophone de la municipalité. Mais pour tous, il y a une bonne fierté dans le fait que René Lévesque ait vécu son enfance dans cette belle ville », dit Maxime Huot, coordonnateur du Centre culturel et d’interprétation Kempffer.