LE PETIT GÉANT
René Lévesque reste l’homme politique le plus admiré des Québécois. Pourquoi ?
Il y a d’abord son parcours objectivement admirable, même si son peuple ne l’a pas suivi jusqu’au bout du chemin envisagé, l’indépendance du Québec.
Il y avait chez René Lévesque une grandeur totalement dépourvue de condescendance, une authentique volonté de vouloir élever avec lui autant de gens que possible.
PROGRÈS
Nous continuons aussi à aimer René Lévesque parce qu’à travers lui, beaucoup ont la nostalgie d’un Québec qui avançait.
Nous sentions que le meilleur était à venir. Je suis loin d’être convaincu que l’optimisme soit le sentiment prédominant chez ceux qui réfléchissent aujourd’hui sérieusement à l’avenir du peuple québécois.
Le contraste est aussi terrible entre cet homme qui faisait de la politique pour changer réellement les choses, donc par vocation, et tant de gens de nos jours qui font de la politique comme si c’était un métier.
Quiconque a entendu parler René Lévesque ne peut non plus manquer d’être ébloui par cette maîtrise inouïe de la langue française, qui devenait chez lui colorée, foisonnante, musicale, drôle, profonde, luxuriante, terriblement précise.
C’était une langue qui épousait toutes les nuances de la pensée, car justement, il y avait une pensée politique authentique chez Lévesque, ce qui ne semble plus nécessaire dans le monde politique d’aujourd’hui.
FRANCHISE
Sa liberté de ton, son impatience devant la bêtise seraient impensables de nos jours. Aujourd’hui, l’autocensure et les dénonciations immédiates de la pensée libre achèvent de vider le discours politique de toute substance. « Je pense tout ce que je dis, mais je ne dis pas tout ce que je pense », aimait répéter Lévesque. De combien d’hommes politiques aujourd’hui peut-on dire qu’ils pensent tout ce qu’ils disent, même s’ils ne disent pas tout ?
« Tout était grand chez lui, sauf la taille » a souvent dit, avec raison, Yves Michaud, l’un des rares vrais amis de cet homme à la fois si ouvert et si secret.