UN HÉROS QUÉBÉCOIS

René Lévesque. C’était un petit homme, pas particulièrement élégant, mais absolument éloquent. Il s’était donné la plus belle mission : donner à son peuple un pays.

Faire en sorte que le peuple québécois participe au monde en son propre nom, sans toujours vivre sous une tutelle vieille de plus de deux siècles.

Il a inspiré plusieurs générations avec cet idéal qui semblait aller de soi. Il savait parler au coeur des gens.

ÉCHEC

Pourtant il a échoué. Ce n’est pas un perdant pour autant, comme ont pu le dire certains esprits mesquins qui ont l’envergure intellectuelle d’une huître.

Lévesque voulait l’indépendance d’un peuple qui n’en voulait pas même s’il disposait d’une fenêtre historique exceptionnelle pour l’obtenir. Il [le peuple] avait pris le pli de la soumission.

Lévesque était démocrate : il ne voulait pas imposer une décision contre son gré au Québec.

Si les souverainistes avaient eu à leur tête un homme extrêmement autoritaire comme Pierre Elliott Trudeau, prêt à tout pour imposer ses idées, il aurait profité de cette situation historique pour changer le destin du Québec. Mais c’est une autre histoire.

On commémore les 30 ans de sa mort. Avec raison. Lévesque, c’est notre héros national des temps modernes.

Il a su personnifier son peuple. On lui doit une certitude qui transcende sa défaite : malgré son échec, malgré nos échecs, nous pouvons réussir.

Que reste-t-il aujourd’hui de Lévesque ?

ESPOIR

À un moment de notre histoire où le peuple québécois semble abattu, écartelé, soumis à des élites médiocres, condamné à rêver petit, comme s’il avait une vocation minuscule, et comme si la meilleure chose qui pouvait nous arriver consistait à nous fondre dans l’Amérique anglophone, René Lévesque nous rappelle que nous sommes capables de faire de grandes choses, si on le souhaite vraiment.

Mais le souhaitons-nous ? Telle est la question aujourd’hui.

Les grands échecs engendrent de grandes dépressions, et sur le fond des choses, les Québécois, aujourd’hui, sont déprimés et repliés dans leur vie tranquille. Suivraient-ils un nouveau René Lévesque ? Espérons-le.