Le Journal de Montreal

IL A LAISSÉ UN VIDE

- JONATHAN TRUDEAU

Quand je me tourne vers le passé, j’envie des gens d’avoir vécu à certaines époques. Parce que j’aurais voulu voir Neil Armstrong marcher sur la lune. Elvis Presley se trémousser sous les cris stridents de ses admiratric­es. J’aurais adoré voir Maurice Richard survoler la glace du Forum. Et j’aurais tellement aimé voir évoluer René Lévesque.

FASCINATIO­N

J’avais 6 ans lorsque le père fondateur du Parti québécois nous a quittés. Malgré cela, j’ai lu de nombreux livres, écouté une tonne de séries et d’entrevues, parlé à des gens qui l’ont côtoyé, longuement regardé sa statue à New Carlisle en Gaspésie, tout comme celle qui occupe les jardins de notre Assemblée nationale. Le personnage me fascine.

René Lévesque était absolument parfait dans son imperfecti­on. Autant dans ses faiblesses que dans ses qualités, il incarnait ce que nous étions. Un peuple meurtri, mais fier. Une nation à la recherche d’un rêve, d’un projet de société qui puisse incarner la somme de nos ambitions.

ÉPOQUE RÉVOLUE

Je ne suis pas souveraini­ste, bien au contraire. Mais je me demande parfois si monsieur Lévesque aurait été à même de me persuader. Qui sait ? Par contre, je suis capable d’affirmer avec conviction que ce n’est pas demain la veille qu’un politicien québécois ou canadien sera en mesure d’inspirer autant les gens. Et ça, ça me déprime.

Pourquoi ? Pour tellement de raisons. Parce que les politicien­s se sont trop éloignés du plancher des vaches. Ils ont perdu la confiance de la population qui elle, en revanche, a choisi de s’intéresser à son petit nombril, à ses petites vedettes ou encore à la dernière télé-réalité. Les médias sont désormais intraitabl­es. Les relationni­stes ont aplani le message à un point tel que le discours politique est devenu aussi creux qu’une fosse abyssale.

C’est pourquoi la mémoire de René Lévesque transcende­ra les génération­s. Doux souvenirs pour les plus anciens, personnage mythique pour les plus jeunes ; il représente plus que jamais le symbole d’une époque révolue, celle ou un politicien pouvait soulever et inspirer une nation.

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