LÉVESQUE, L’AMÉRICAIN
À en croire plusieurs, René Lévesque se retourne constamment dans sa tombe. Tout le monde veut prétendre que cette personnalité rassembleuse aurait sûrement été d’accord avec lui.
Il y a toutefois un aspect de sa pensée qu’on relève rarement – ou que les souverainistes attachés à la France préfèrent ignorer – et c’est le fort sentiment d’identification qu’il avait envers les États-Unis d’Amérique.
SANS ÉTATS D’ÂME
Dans sa baie des Chaleurs natale, René Lévesque s’est formé l’oreille à l’anglais très vite. Son enfance fut bercée par les radios américaines qu’il arrivait à capter sur le poste familial. Celles-ci ont fortement contribué à le pousser vers le journalisme.
En 1944, c’est sans états d’âme qu’il revêt l’uniforme G.I. pour aller couvrir un conflit mondial qui sera marquant tant pour sa carrière que dans sa pensée politique.
Peu de temps avant de fonder le PQ, il est dubitatif devant la bienveillance postcoloniale du « Vive le Québec libre ! » de De Gaulle. Ayant de la suite dans les idées, c’est à New York qu’il effectue sa première visite comme premier ministre pour aller sensibiliser les membres de l’Economic Club à son projet de souveraineté.
Les Yankees entendront plutôt « secession » et se montreront froids. Dépité, Lévesque accepte les conseils d’Yves Michaud et de Louise Beaudoin et ira séduire Paris.
RELATION CRUCIALE
Dans son autobiographie, il confesse ce qu’aurait été son rêve de retraite : devenir le premier ambassadeur aux États-Unis d’un Québec indépendant. L’histoire en aura voulu autrement.
Pourquoi rappeler ces éléments ? Pour démontrer, trente ans après sa mort, que René Lévesque avait toujours perçu à quel point notre relation avec les États-Unis était cruciale !
Alors que des changements dans les politiques américaines nous font craindre pour notre économie, il est frappant de constater que la vision de notre plus grand premier ministre correspondait à ce que seraient les défis de notre Québec contemporain.