Il « incarnait » la Révolution tranquille
C’est lors de ses voyages en Europe et en Asie, à titre de correspondant de guerre, que René Lévesque a puisé l’inspiration pour sortir le Québec de la « Grande Noirceur », raconte son biographe, Pierre Godin.
« Il ne faut pas oublier que Lévesque, avant qu’il ne vienne en politique, avait parcouru le monde, dit Pierre Godin. Ce n’est pas le petit gars de New Carlisle qui était resté assis sur son siège avant de devenir journaliste ou politicien. Il avait une vision du monde, il avait vu le monde. »
Ce tour du monde, il l’a amorcé à 20 ans comme correspondant de guerre pour l’armée américaine sous les ordres du général George Patton dans l’Europe ravagée par l’Allemagne nazie. Mais il a également couvert la guerre de Corée, dans les années 1950, en plus d’interviewer le dirigeant de l’URSS, Nikita Khrouchtchev.
« Au fur et à mesure qu’il apprenait des choses, il pensait toujours au Québec, à sa société, qui était conservatrice, qui ne bougeait pas », estime Pierre Godin.
OUVRIR LES FENÊTRES
De retour au pays, René Lévesque a voulu apporter un peu d’oxygène dans un Québec « replié sur lui-même » en abordant les grands sujets internationaux dans le cadre de son émission télévisée devenue culte, Point de mire. « Il ouvrait les fenêtres du Québec, illustre Pierre Godin. Dans les années 1950, les mentalités étaient plutôt fermées. » Ces idées nouvelles ont participé à forger ce qu’on appellera bientôt la Révolution tranquille. « C’était une voix nouvelle dans la société québécoise, avec des idées nouvelles. Et nous, les jeunes, on embarquait là-dedans à mort. »
HÉRITAGE
D’ailleurs, si Pierre Godin a choisi de consacrer quatre tomes à sa biographie de René Lévesque, c’est parce qu’il était, selon lui, un « phare » dans l’histoire politique et sociale du Québec. « C’est lui qui incarnait la Révolution tranquille, les grands changements, les grandes réformes », dit-il. « Le fameux Maîtres chez nous que criait Jean Lesage, ça venait de Lévesque, de sa nationalisation de l’électricité », illustre Pierre Godin. C’est ce même esprit réformateur qui se retrouve dans la loi 101, un autre héritage incontournable de René Lévesque, selon son biographe. « Souvent, quand on parle de l’héritage de René Lévesque, on souligne qu’il a raté l’essentiel : qu’il a perdu son référendum sur l’indépendance en 1980, dit Pierre Godin. Mais il a fait beaucoup d’autres choses. Les grandes réformes qu’il a initiées ont changé le visage du Québec. »