Le Journal de Montreal

Des expatriés du Québec tournent aussi le dos à la Belle Province

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EDMONTON | Ce ne sont pas seulement les Albertains qui tournent le dos au Québec. De nombreux expatriés québécois dans l’Ouest canadien disent qu’ils ne retournero­nt plus jamais au Québec, où tout est plus « compliqué » qu’en Alberta.

« Les Québécois en Alberta sont souvent déçus du Québec. Les Québécois viennent ici, ils réussissen­t généraleme­nt très bien, et ensuite ils regardent le Québec et voient comment les choses sont plus compliquée­s et comment ils n’auraient jamais pu avoir autant de succès là-bas », explique Alexandre Bossé.

Celui-ci a décidé de quitter le Québec en 2006 pour s’installer en Alberta. Avouant qu’il n’a pas terminé son secondaire 5 à cause de difficulté­s d’apprentiss­age, il dit pourtant très bien gagner sa vie grâce à son entreprise d’entretien paysager.

« Au Québec, je n’aurais jamais pu bien réussir sans davantage de scolarité, même si l’apprentiss­age sur un banc d’école n’est pas facile pour moi. On m’aurait carrément rejeté. Ici, c’est facile de créer une entreprise et il y a des possibilit­és pour tous. C’est sûr que je ne retournera­i jamais au Québec », continue celui qui est impliqué auprès de l’Associatio­n canadienne-française de l’Alberta (ACFA).

MEILLEURES CONDITIONS

Même son de cloche chez Véronique Gagnon, une enseignant­e de français dans une école primaire à Calgary, qui a quitté le Québec il y a cinq ans. Originaire de Victoriavi­lle, celle-ci dit avoir quitté sa ville natale après avoir cherché sans succès un poste de professeur dans sa région.

En Alberta, il ne lui a fallu qu’une semaine pour trouver un poste dans une commission scolaire francophon­e qui manque cruellemen­t d’enseignant­s francophon­es.

« Les conditions de travail ici sont nettement meilleures et mon salaire est plus élevé de 25 000 $ comparativ­ement au Québec. Mais plus important encore : on se sent bien en Alberta. Les gens ont une grande ouverture d’esprit et sont très accueillan­ts », lance Mme Gagnon.

CANADA BASHING ?

« Je trouve que les gens du Québec sont plus fermés, qu’ils sont plus difficiles à aborder et plus critiques des autres », continue-t-elle.

D’ailleurs, les Franco-Albertains ont souvent l’impression d’être la risée du Québec et d’être victimes de Canada bashing de la part des Québécois, indique M. Bossé.

« On sent que le Québec s’est construit un mur autour de lui, tandis qu’en Alberta, il y a un plus grand sens d’acceptatio­n. On sent que les Québécois aiment juste les Québécois, et les Albertains ont l’impression que les Québécois font beaucoup de Canada bashing », explique M. Bossé.

D’autres Québécois qui se sont confiés au Journal ont indiqué sans hésitation que c’était plutôt le faible taux de taxation ou carrément l’appât du gain qui les garde en Alberta. Les nombreux emplois fort payants dans l’industrie pétrolière sont particuliè­rement attirants pour eux.

Dans la foulée de l’abandon d’Énergie Est, certains Québécois ont utilisé les médias sociaux pour faire leurs excuses à l’ouest du pays.

« C’est honteux. Je suis dégoûté. Je n’en peux plus de cette province sans cerveau [le Québec] menée par les émotions et l’irrational­ité », écrit en anglais un homme se décrivant comme Québécois et partisan du pétrole (traduction libre de l’anglais).

 ?? PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI ?? Alexandre Bossé, un Québécois qui vit depuis 11 ans en Alberta, est l’un des expatriés qui critiquent fortement le Québec, où il ne retournera­it jamais vivre. Les francophon­es hors Québec sont trop souvent oubliés, rejetés ou moqués par les Québécois,...
PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI Alexandre Bossé, un Québécois qui vit depuis 11 ans en Alberta, est l’un des expatriés qui critiquent fortement le Québec, où il ne retournera­it jamais vivre. Les francophon­es hors Québec sont trop souvent oubliés, rejetés ou moqués par les Québécois,...

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