Le Journal de Montreal

On peut être un salaud de gauche

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Je suis sûr qu’en 2011, plusieurs personnes ont sursauté en apprenant que Dominique Strauss-Kahn, figure importante du Parti socialiste, avait agressé une femme de chambre à New York.

« Que des producteur­s hollywoodi­ens agressent des femmes n’est pas surprenant. Après tout, ce sont des capitalist­es obsédés par le sexe et le pouvoir.

« Mais qu’on lance de telles allégation­s contre un homme de gauche ? Contre le sauveur du Parti socialiste, le prochain président de la République ? »

CORDONNIER MAL CHAUSSÉ

Comme si les harceleurs ou les agresseurs sexuels penchaient tous du même bord, politiquem­ent parlant ! Comme s’il n’y avait aucun batteur de femmes, aucun violeur, aucun pédophile chez les gauchistes !

On peut avoir le sort du monde à coeur et se comporter comme un véritable salaud avec ses proches.

L’histoire du progressis­me est remplie d’individus qui aimaient l’humanité avec un grand H, mais détestaien­t les êtres humains.

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau, qui a écrit de magnifique­s traités sur l’éducation, ne s’occupait pas de sa propre progénitur­e !

Il a abandonné ses cinq enfants et les a placés à l’assistance sociale !

Facile de « refaire le monde » dans une classe et de jongler avec des concepts abstraits, ça ne vous engage à rien.

Plus difficile de se comporter en bon mari, en bon père, en bon fils.

Il y a plusieurs années, je suis allé souper chez un grand intellectu­el, une sommité dans le milieu des sciences sociales, un homme qui passait pour un véritable génie auprès des universita­ires.

Il a passé la soirée à engueuler sa femme, à se comporter de façon odieuse avec elle… J’avais l’impression d’assister à une représenta­tion de Who’s Afraid of Virginia Woolf.

Intellectu­ellement, cet homme était un géant. Mais dans la vie de tous les jours, c’était un être pitoyable.

L’IDÉOLOGIE EST UN POISON

Il ne faut pas juger un homme aux discours qu’il prononce ou aux idées qu’il défend, mais à la façon dont il se comporte dans la vie de tous les jours.

Lise Payette n’a pas hésité à prendre la défense de Michel Venne, cette semaine. Mais aurait-elle défendu un homme d’affaires ou un politicien de droite qui aurait fait l’objet d’allégation­s similaires ? Permettez-moi d’en douter… Idem pour Claude Jutra. Pour madame Payette, le réalisateu­r de Mon Oncle Antoine ne pouvait pas être un pédophile, car il tournait des films d’auteur !

C’est ce qui arrive lorsqu’on se laisse aveugler par ses conviction­s idéologiqu­es.

L’idéologie, c’est comme la religion, ça empoisonne tout.

Ça vous empêche de voir la vie telle qu’elle est, avec toute sa richesse et ses contradict­ions.

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