Le Journal de Montreal

Ketchup et papier de toilette sur les voitures des arbitres

Un documentai­re présente les dérives de certains parents, coachs et spectateur­s

- DAVID PRINCE Le documentai­re Arbitres sera présenté le 2 novembre sur Canal D.

ROUYN-NORANDA | Se faire insulter, violenter ou briser sa voiture, tout ça pour un salaire de misère. Le métier d’arbitre au hockey pourrait bien être l’un des pires au Québec.

Le documentai­re Arbitres, diffusé en première mondiale hier au Festival du cinéma internatio­nal en Abitibi-Témiscamin­gue, présente les dérives de certains parents, entraîneur­s et spectateur­s à l’endroit des 5000 officiels qui travaillen­t dans les arénas du Québec. Et les cas sont nombreux.

« POURRI ! »

Après un match de la Ligue nord-américaine de hockey, Benoit Lessard et ses collègues ont découvert leur véhicule plein de ketchup et enrubanné de papier de toilette avec l’inscriptio­n : « Pourri ! »

Ils ont préféré en rire en se prenant en photo devant le véhicule. « Laval et Sorel sont pas mal les deux pires villes où arbitrer. [...] Il me semble que j’aurais été bien avec ma blonde sur le bord du feu à la maison », raconte dans le film M. Lessard, qui continue par passion.

Le réalisateu­r Danic Champoux et le scénariste Mathias Brunet ont voulu démontrer que, dans les arénas, plusieurs personnes habituelle­ment calmes peuvent perdre le contrôle.

Arbitre depuis plusieurs années, Michel Lafleur en sait quelque chose. Il raconte qu’un entraîneur de niveau pee-wee A a déjà tenté de l’écraser avec sa voiture dans le stationnem­ent de l’aréna après un match. Il a également reçu trois coups de poing après un match midget. Il lui est d’ailleurs arrivé de poursuivre un parent pour menace de mort.

« Il y a beaucoup de blessures narcissiqu­es de l’enfance non résolues chez certains parents », a dit M. Brunet, qui admet s’être lui-même souvent emporté verbalemen­t contre des arbitres.

PAS PAYANT

Anthony Néron, 17 ans, est arbitre depuis deux ans et dit avoir eu la piqûre. Mainte- nant, lorsqu’il regarde une partie à la télé, il observe surtout le travail des officiels.

Il ignore cependant s’il continuera à arbitrer, puisque l’attitude de certains parents le dérange.

Il raconte qu’un entraîneur l’a déjà attendu à la sortie d’un aréna pour lui faire un mauvais parti.

Le cas d’Anthony Néron illustre parfaiteme­nt la pénurie d’arbitres partout au Québec. Après quelques années à se faire crier des insultes, les jeunes abandonnen­t.

« Ce n’est vraiment pas payant pour toute la charge de travail que ça demande. L’officiel doit gérer le match, les entraîneur­s et, souvent, les parents », a raconté après la projection Patrick Morin, qui arbitre dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Un officiel est payé environ 15 $ par partie, mais il doit acheter son équipement au coût d’environ 300 $.

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PHOTO COURTOISIE CANAL D Lors d’un match à Sorel, Benoit Lessard (premier officiel à gauche) et ses collègues ont eu plusieurs démêlés avec les joueurs et des partisans qui ont vandalisé leur voiture. Ils doivent gérer les émotions des joueurs et...
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