Sears, tout simplement révoltant
Suivez-moi jusqu’à la fin. Personne n’est tombé à la renverse quand Sears Canada a fermé ses portes.
Difficile d’imaginer un magasin aussi dépourvu d’atmosphère. Le choix des marchandises donnait le tournis. Côte à côte, des souffleuses à neige et des parfums de luxe.
Inutile de chercher le moindre vêtement qui n’ait été fabriqué en fibres synthétiques, ce qui assurait à la mode Sears un look années 70 perpétuel.
La une de la circulaire hebdomadaire montrait presque toujours la même chose : un vêtement féminin, genre blouse bleu ciel, un bijou en or 10 carats, des chaussures pour religieuses. Sears n’annonçait pas ses rabais, mais sa marchandise de bas étage.
Je fais une exception pour les électroménagers Kenmore qui m’ont toujours donné satisfaction. Certains produits, mais peu, ont été rapatriés par Amazon qui se fera un plaisir de livrer votre frigo par drone.
Comment un géant de la vente au détail peut-il tomber si bas ? Facile : en se fichant de la clientèle. Sears préférait verser de gros dividendes à ses actionnaires au lieu d’investir dans ses magasins, perpétuels foutoirs, dans son image de marque vieillotte et dans la technologie.
Tout cela dans un contexte difficile pour la vente au détail. Cela s’appelle se tirer dans les deux pieds à la fois.
Sears a même réussi à rater ses soldes de liquidation. Trop cher !
PIRE QUE TOUT
Le jour de l’annonce de la fermeture définitive de Sears Canada, 12 000 employés ont entendu la porte se refermer sur eux. Pensez-y, 12 000 personnes, hommes et femmes, mais surtout des femmes, qui se retrouvent au chômage. Des travailleurs qui, pour la plupart, ne possèdent pas une formation de pointe, disons en intelligence artificielle ou en jeux vidéo. De bons travailleurs et travailleuses, certains qui ont donné plusieurs décennies de leur vie à Sears Canada, en toute confiance, et qui espéraient prendre une retraite bien méritée.
Ils sont retournés à la maison, sans indemnité de départ. Alors que les hauts dirigeants ont empoché des millions pour « fermer la shop ».
Et puis ils ont appris que leur caisse de retraite affichait un important déficit. Les 18 000 retraités verront leurs prestations amputées.
VAUTOUR CAPITALISTE
Dans un article intitulé « Sears et les vautours du capitalisme » publié sur le site IPolitics, le journaliste canadien Alan Freeman révèle que l’actionnaire de contrôle de Sears Canada est un milliardaire américain du nom d’Eddie Lampert, un investisseur de Wall Street sans expérience de la vente au détail.
En entrevue, Mark Cohen, un ancien PDG de Sears Canada aujourd’hui professeur à l’université Colombia, accuse Lampert d’avoir dépouillé Sears de ses actifs au fil des ans. « Sa réputation dans la vente au détail est celle d’un pirate. »
Un pirate qui s’en tire bien : Lampert habite une maison de 40 M$ US en Floride et possède un yacht de 130 M$ US. Il est proche de Steve Mnuchin, le secrétaire au Trésor de Donald Trump.
Le genre d’entrepreneur pourri qui donne mauvais goût au capitalisme.
J’enrage.