Les confidences de Marcel
Dans son nouveau roman, Le peintre d’aqua
relles, l’écrivain Michel Tremblay aborde le thème de la vieillesse par le biais de Marcel, un personnage atteint de schizophrénie dont on n’avait pas entendu parler depuis presque 30 ans.
Michel Tremblay explique, en entrevue, avoir souvent écrit à la première personne, mais pense bien que c’est la première fois qu’il écrit un vrai journal, au jour le jour. « Je voulais parler de la vieillesse et du vieillissement et il y a tellement de belles choses qui ont été écrites que j’avais un petit peu de misère à me trouver un personnage. Je ne savais pas comment aborder ça. »
Alors qu’il se questionnait sur le sujet, son éditeur chez Leméac, Pierre Filion, lui a demandé un jour, à brûle-pourpoint, ce que Marcel était devenu, ajoutant qu’il l’avait abandonné depuis 30 ans. « J’ai dit : ah, mon Dieu, merci beaucoup ! » « À la fin du sixième volume des Chroniques du
Plateau-Mont-Royal, sa mère le place dans un asile. C’était en 1989 et je n’en avais jamais reparlé depuis. Il était disparu et on ne l’avait pas revu. On l’a vu venir au monde dans La Diaspora des Desrosiers, on l’a vu vieillir dans les Chroniques, et là on le retrouve vers la fin de sa vie, à 76 ans. »
VIEILLESSE ET SCHIZOPHRÉNIE
Ce roman lui a permis de parler de vieillesse à travers la tête d’un schizophrène, même si la maladie n’est jamais nommée comme telle. Et la fin du livre – brillante – réserve d’ailleurs une grosse surprise aux lecteurs.
« Se mettre à l’intérieur de quelqu’un qui est différent, qui imagine des affaires, qui pense par exemple qu’il devient transparent quand il met ses lunettes fumées, c’est passionnant à faire. »
Les secrets douloureux que Marcel révèle au fil des pages et ses « visions » lui ont demandé beaucoup de travail. « Ça m’a pris un mois de plus que d’habitude parce que c’était des sujets très délicats et difficiles à écrire : comment bien doser tout cela ? Pour écrire la conversation qu’il a avec son chat sur le quai, par exemple, il ne fallait pas que ce soit ridicule, il ne fallait pas que ce soit comique, il fallait que ce soit touchant et qu’on croie à la présence du chat même s’il n’est pas là. C’était un livre difficile à écrire... mais passionnant. »
Michel Tremblay souhaitait aussi aborder le difficile passage de Marcel à l’asile sans sombrer dans le misérabilisme ni dans le sensationnalisme.
« Je marchais sur les oeufs... mais j’aimais bien ça ! »
POUR S’ÉVADER DU TRAVAIL
Marcel s’exprime par l’aquarelle – un trait inspiré de la propre vie de Michel Tremblay. « Je fais de l’aquarelle depuis 25 ans parce que c’est la seule chose qui me sort de mon travail. Peut-être parce que ce n’est pas un talent naturel que j’ai – ça me demande une telle concentration que ça me sort complètement de mon travail. » C’est d’ailleurs lui qui signe la couverture du livre.
Michel Tremblay repartira pour Key West, en Floride, à la fin du mois de novembre.
« Pour la première fois depuis 20 ans, j’ai envie de me reposer. Alors je vais aller m’effouarer à côté de ma piscine, lire et manger avec mes amis. Je vais avoir du fun, me promener, aller voir les couchers de soleil. Je pense que j’ai écrit 18 romans en 18 ans... alors je pense que j’ai mérité une année de congé ! »