Méprisés et incompris
Janette Bertrand estime qu’on devrait avoir de la compassion pour les bisexuels au lieu de les juger. « Ils sont pognés avec ça », dit-elle. « On ne sait pas trop comment ça se fait. C’est ça et tu n’y peux rien. Il n’y a pas un psychologue qui a réussi à les changer ! » « Les gais ne croient pas à la bisexualité : ils disent que c’est un gars qui est trop peureux pour sortir du placard. Un gai honteux. Les hétéros les méprisent aussi parce qu’ils disent, c’est un gars “à tout”, à voile et à vapeur, qui n’arrive pas à se décider. Les “bi” sont méprisés de tout le monde. » Comment a-t-elle fait pour écrire des scènes d’amour vraisemblables entre les deux protagonistes ? « Un bon auteur, c’est quelqu’un qui est capable de se mettre à la place d’un gars. Qui est capable, en ayant demandé des informations, de se mettre dans sa peau. J’étais ce gars, avec tous les préjugés qu’il a. J’ai fait lire mon texte à un ami gai, qui m’a fait corriger certaines choses. Michel Dorais m’a aussi fait corriger des choses, notamment sur la définition de queer.»
Simon, son personnage, porte un message. « Qu’est-ce qui est le plus important pour lui ? Sa notoriété ? Sa famille ? Son identité dans la ville ? Sa liberté ? Ou bien l’amour ? »
Elle a décidé de faire comme dans les émissions Avec un grand A : laisser la fin ouverte. « C’est le père qui a le mot de la fin : des désirs, tout le monde en a. Mais qu’est-ce qu’on en fait ? »
Janette a bien hâte de voir la réaction du public. « La seule peur que j’ai, c’est que les gens disent : “Ah, c’est un livre sur la bisexualité... c’est plate...” de peur d’aller voir dans leur intérieur. De peur de confronter des choses. »