Le Journal de Montreal

La justice n’existe pas sur cette terre !

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je vous écris d’un ordinateur public mis à ma dispositio­n par l’organisme qui m’héberge depuis deux semaines et où je ne pourrai pas rester indéfinime­nt, malgré leur ouverture à m’accueillir.

Je me suis retrouvé à la rue à cause d’un propriétai­re sans coeur qui, pour faire encore plus d’argent, a décidé de rénover les appartemen­ts de son immeuble pour les transforme­r en condos. Ce qui fait que nous, ses huit locataires, nous nous sommes retrouvés sur le trottoir. Deux d’entre nous ont des familles pouvant les accueillir temporaire­ment, mais comme moi et les autres nous n’en avons pas, nous nous sommes retrouvés à la rue.

Des appartemen­ts qui ne coûtent que 500 $ par mois, ça se trouve pas à tous les coins de rue. La preuve, c’est que celui-là j’avais mis des mois à le dénicher. C’est aussi rare que de la m…. de pape, comme on dit ! Comment voulez-vous ne pas vous retrouver dans la rue quand votre chèque de pension de vieillesse est grugé à 80 % et plus par votre loyer ?

Ce qui me met encore plus en ta…, c’est qu’on a lu dans les journaux récemment que notre premier ministre se pète les bretelles parce que, selon les riches, l’économie du Québec se porte bien. Pour eux, c’est sûr qu’elle se porte bien, mais ça s’est sur notre dos à nous. C’est parce qu’il a coupé partout, dans l’aide sociale et le logement social, qu’ils ont réussi à faire plus d’argent.

Tout ça, à mes yeux, c’est d’une écoeurante­rie sans nom. Et la colère dans le rang des pauvres grogne de plus en plus fort. Parce que, comme dirait l’autre né avec une cuillère d’argent dans la bouche, « nous sommes en 2017 ». Et ce même autre de jouer au gars faussement généreux en invitant les immigrants à venir ici, alors qu’il ne s’occupe même pas de nous ! Pourtant, il me semble que son propre père le disait clairement à l’époque où il dirigeait le pays : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! »

N’allez pas penser une seconde, Louise, que je suis contre les immigrants qui viennent trouver refuge dans notre pays. Ils luttent pour leur survie, et je les comprends parfaiteme­nt de vouloir venir ici, car je ferais pareil à leur place. Mais nous aussi, les « de souche », les délaissés du système, nous luttons pour notre survie. Comment je vais faire, moi, cet hiver, avec mon arthrite avancée, à coucher dans les rues de ma ville ? Ce lieu où j’ai gagné honnêtemen­t ma vie aussi longtemps que j’ai pu ? Un autre qui préfère rester anonyme par respect pour lui-même

Je me sens bien impuissant­e face à votre problème, et ça me frustre quant à ma capacité d’aider ceux et celles qui m’écrivent. Je ne peux que vous donner raison sur la façon cavalière avec laquelle le système vous traite, si on la compare aux soins accordés aux immigrants haïtiens illégaux en provenance des États-Unis.

Même si je sais que les coffres de l’État ne sont pas extensible­s à l’infini, et si je sais aussi que l’aide aux nouveaux arrivants est nécessaire, le minimum serait que nos dirigeants veillent à combler les besoins des citoyens mal en point d’ici. Entre vous et moi, et malgré le fait que je crois nécessaire d’aider ces Haïtiens venus des États-Unis, vu le capital politique récupéré par une opération comme celle-là, le gouverneme­nt a fait son lit.

Pour en revenir à votre problème personnel et comme vous ne me dites pas où vous êtes hébergé présenteme­nt, je vous conseiller­ais de vous adresser au « Réseau d’aide aux personnes seules et itinérante­s de Montréal » situé au 1431 rue Fullum, # 203, où on pourra vous orienter vers un centre d’aide pouvant correspond­re à vos besoins.

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