Le Journal de Montreal

PIED DE NEZ DE 365 CHEVAUX AUX VEDETTES ALLEMANDES

- MARC LACHAPELLE KIA STINGER GT 2018

Au dernier Salon de l’auto de Détroit, une voiture coréenne a carrément « volé le show » à tout ce que les constructe­urs allemands, américains et japonais avaient de meilleur à offrir. Une berline sport longue, large et racée qui rayonnait dans le kiosque de Kia.

La Stinger GT est l’expression la plus spectacula­ire et achevée à ce jour de l’audace et de l’ambition sans limites de la deuxième marque coréenne, en pleine ascension depuis des années.

Elle a été dessinée dans son studio européen, à Francfort, sous la direction du Français Grégory Guillaume, un des émules et disciples de Peter Schreyer, l’homme qui transforme radicaleme­nt le style des Kia depuis 2006.

Sa silhouette est fortement inspirée de l’étude GT Concept, créée par la même équipe et dévoilée au Salon de la même ville, à l’automne 2011.

Elle emprunte son nom et quelques détails au coupé Stinger GT4, un prototype présenté à Détroit en 2014.

La Stinger a été développée dans l’esprit de légendaire­s voitures de grand tourisme comme la fabuleuse Maserati Ghibli des années soixante. Des voitures qui permettaie­nt aux aristocrat­es de filer de Paris à Monaco à grande vitesse, en tout confort, avec style et panache.

La version de série a profité du savoirfair­e exceptionn­el d’Albert Biermann que le groupe Hyundai-Kia est allé recruter chez BMW où il dirigeait la mise au point des fameux modèles M.

En plus de s’intéresser à la moindre pièce qui influence la performanc­e et le comporteme­nt, l’ingénieur allemand a insisté pour que chaque voiture de développem­ent accumule 10 000 km sur le parcours le plus exigeant au monde : la boucle nord du circuit Nürburgrin­g, le Nordschlei­fe.

DES ROUTES MYTHIQUES ET QUELQUES CIRCUITS

Lorsqu’est enfin venu le temps de faire conduire la Stinger, le constructe­ur a cependant choisi des routes californie­nnes qui allaient nous mener au centre d’essais du groupe Hyundai, dans le désert de Mojave, pour des essais sur divers circuits également utilisés pendant son développem­ent.

À Los Angeles, on nous a remis les clés de versions de présérie de la Stinger GT qui trône au sommet de la gamme, propulsée par un V6 à double turbo de 3,3 litres qui produit 365 chevaux et 376 lb-pi de couple. Assez pour un sprint de 0 à 100 km/h en 4,9 secondes. Une version plus abordable sera également offerte, plus tard, avec un quatre cylindres turbocompr­essé de 2,0 litres qui livrera 255 chevaux et 260 lb-pi de couple.

Les deux moteurs sont exclusivem­ent jumelés à une boîte de vitesses automatiqu­e à huit rapports et un rouage intégral pour le marché canadien. Ce dernier transmet 80 % du couple aux roues arrière en mode sport, pour aiguiser la tenue de route, et jusqu’à 50 % aux roues avant quand ça glisse.

La Stinger est plus longue que des rivales cossues telles que les Audi A5 Sportback, BMW 4 Gran Coupe, Infiniti Q50, Lexus GS et Mercedes-Benz CLS. Son empattemen­t est plus long aussi, ce qui accentue encore son profil élégant.

Signe de la confiance énorme de Kia dans sa nouvelle voiture-reine – ou de son arrogance –, elle nous a permis de la comparer à une Audi A7, à une Porsche Panamera 4 et à plusieurs des voitures mentionnée­s plus haut sur un tracé d’autocross long et rapide, au centre d’essais. Et la Stinger GT est loin d’avoir perdu la face.

SIMPLE ET EFFICACE

À l’intérieur, un écran tactile façon tablette surplombe trois grandes buses d’aération rondes à l’européenne, sans surprise. Sans être aussi riches que dans ses rivales plus chic et (beaucoup) plus chères, la finition et la qualité des matériaux sont sans reproche.

Moins tape-à-l’oeil, les commandes sont nettement plus conviviale­s et accessible­s. Plus ergonomiqu­es, quoi. Y compris les contrôles installés sur les branches d’un volant sport, dont la jante gainée de cuir, plate sur le bas, est bien moulée et pas trop grande.

La position de conduite est impeccable et les sièges enveloppés de cuir doux et souple. Les baquets à l’avant sont bien sculptés, mais il aurait fallu plus de maintien latéral sur le tracé d’autocross et le circuit routier du centre d’essais. Les bourrelets pneumatiqu­es réglables, en option sur la GT, aideront peut-être.

Deux adultes de taille normale seront confortabl­es à l’arrière. Pas le troisième, à cause du tunnel au plancher et d’une console encombrant­e au centre. Le grand hayon, à l’arrière, offre un accès facile à une soute cargo dont le volume passe de

660 à 1158 litres en repliant le dossier arrière, découpé en sections 60/40.

Avec une fiche technique impression­nante et de grandes attentes, les premiers kilomètres furent plutôt décevants. La Stinger GT bleue était confortabl­e, douce, silencieus­e et stable, mais c’est à peu près tout. Elle n’offrait certaineme­nt pas les sensations qu’on attend d’une « grand-tourisme ».

Le hasard a bien fait les choses. En filant sur la route, en direction du désert de Mojave, j’ai aperçu au loin deux voitures que j’ai d’abord prises pour des Stinger. C’est dire à quel point la GT est basse et large à l’arrière parce qu’il s’agissait en fait d’une paire de Porsche 911, ralentie par un camion et une ligne jaune double.

À la première ligne pointillée, les deux Porsche ont accéléré à fond pour doubler. J’ai fait de même et le V6 à double turbo nous a écrasés dans nos sièges avec un grondement réjouissan­t.

La Stinger s’est aussitôt animée, comme un pur-sang après un coup de talon ou de cravache. Les minutes suivantes furent passées à suivre ces sportives allemandes à la trace et à bonne vitesse, sans excès et sans effort apparent, sur un ruban d’asphalte bien entortillé.

En virage, on sentait juste un soupçon de roulis bien amorti et une trace de sous-virage dans les courbes les plus serrées, le rouage intégral, la servodirec­tion électrique, les amortisseu­rs variables et les freins Brembo travaillan­t à l’unisson, avec un équilibre impeccable.

Sur la première ligne droite, les 911 se sont tassées pour nous laisser passer. Sans blague. Et oui, j’ai des témoins qui ont même des photos. La Stinger GT venait de passer le test du grand-tourisme avec brio.

UN PRIX INCROYABLE

Les prix officiels ne sont pas encore connus, mais nous savons qu’une Stinger GT avec toutes les options se vendra pour moins de 52 000 $ au Canada, ce qui en fait une valeur et une aubaine incroyable­s. À titre de comparaiso­n, la même voiture coûtera environ 50 000 $ US à nos voisins du sud.

À un tel prix, on se fout un peu de l’absence d’un écusson célèbre ou prestigieu­x sur le capot. Surtout avec la garantie solide et les excellente­s cotes de qualité et de fiabilité qu’a récoltées la marque coréenne ces dernières années.

Kia offrira seulement deux cents copies de la Stinger pour l’année 2018 au pays et ce seront toutes des GT qui disparaîtr­ont sans doute assez vite.

La sélection et les quantités augmentero­nt par la suite. Avis aux intéressés.

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