Le Journal de Montreal

Ulysse perd son entente avec HBO

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

Ce fut une des bonnes soirées de boxe des dernières années. Onze combats, de l’action non-stop, des knock-out percutants, des décisions controvers­ées, la grosse équipe de TVA Sports, l’équipe légère de Punching Grace, le sourire affable de Michel Hamelin contrôlant le trafic autour du ring, ce fut un feu roulant.

D’un côté, Camille Estephan était un homme satisfait et heureux quand il a quitté le MTelus pour retourner à la maison. Il venait de faire une brillante démonstrat­ion de ce que doit être un gala de boxe. Et il venait de permettre à un partenaire comme TVA de mettre en ondes un show délirant. Je parle du combat de Vincent Thibault, un gars de Québec qui en était à son premier combat mais qui a mis le feu au building. Et aux écrans, je l’ai vérifié hier.

Mais le même Camille Estephan refoulait une colère terrible depuis qu’il avait reçu le verdict du combat entre Steve Claggett et Yves Ulysse. Estephan était convaincu que son protégé avait gagné le combat. Quand il a voulu discuter d’un protêt avec le commissair­e (régisseur, en fait) Michel Hamelin, il s’est vite fait expliquer un point de base en boxe profession­nelle. Une décision est une décision et il y a différente­s façons de juger un combat.

FINI HBO LE 16 DÉCEMBRE

Estephan, une fois la colère calmée, restait un homme déçu. Il avait de grands plans pour Yves Ulysse le 16 décembre à la Place Bell à Laval. C’était déjà entendu avec le réseau HBO. Junior Ulysse boxait en demi-finale : « Malheureus­ement, il va falloir trouver un autre combat et attendre que Junior se remette de sa première défaite. Mais je suis convaincu que Junior va apprendre beaucoup de ce revers. Je pense encore qu’il a gagné le combat, mais je reconnais qu’il a passé plusieurs rondes à boxer dans le style imposé par Claggett », a noté Estephan.

Faut pas se leurrer. Junior Ulysse est un homme lucide, brillant. Quelques minutes après le combat, il avait donné plusieurs entrevues. Il est passé tout près de ma table alors que j’étais justement occupé à écrire le compte rendu du combat. Je l’ai arrêté.

– Tu sais, ton combat, je l’ai déjà vu dans ma carrière, lui ai-je lancé.

Il a souri et a répondu sans hésiter une seconde.

– Je sais, Roberto Duran et Sugar Ray Leonard au Stade olympique… mais on connaît le résultat de la revanche… Je vais revenir plus fort, a-t-il dit.

DURAN CONTRE LEONARD

Les chanceux qui ont assisté à ce combat historique se rappellent encore comment Leonard, plus habile et meilleur technicien que Duran, avait pris la décision de se battre pied à pied avec Duran. C’était faire le jeu de Roberto et de Guy Émond. Quelques mois plus tard, le monde entier était stupéfait quand, au huitième round d’un combat dominé par le style léger et élégant de Leonard, le dangereux et courageux Duran abandonnai­t en disant à l’arbitre : « No mas… no mas… » ce qui voulait dire, en espagnol : « Je ne veux plus, ça ne me tente plus. »

Personnell­ement, j’avais déjà Ulysse gagnant de son combat contre Claggett. Mais c’était serré et plusieurs rounds auraient pu aller d’un côté comme de l’autre. La décision accordée à Claggett ne me scandalise pas. Ça dépend du point de vue du juge.

SIMON KEAN FAIT PEUR

C’est pas compliqué, Simon Kean fait peur. Le Trifluvien mesure 6 pieds et 5 pouces et pèse 245 livres… maigres. Il vient de passer six semaines à s’entraîner à Bolton, en Angleterre, et il est revenu avec encore plein de trucs dans son arsenal.

Il manque encore cruellemen­t d’expérience. Ça se comprend, comment trouver un solide poids lourd capable de durer 10 rondes contre lui ? Il ne faut pas oublier qu’il a participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et que sa carrière amateur fait envie chez les lourds.

Au MTelus, vendredi soir, il a été débité d’une chute au plancher par l’arbitre Alain Villeneuve, mais, en fait, il a enfargé ses grands pieds dans ceux de son adversaire Randy Johnson. Le beau brummel musclé et bien entretenu vient de Little Rock, la capitale de l’Arkansas. Quand on consulte sa fiche, on réalise que ses victoires ont été méritées dans les parages de l’Arkansas.

Johnson s’est vite aperçu que sa vie était en danger devant ce Simon Maître Frappeur et il s’est mis à chercher une façon de descendre le plus vite possible de ce ring bien trop petit pour deux hommes de cette taille. Deux gros crochets ont réglé son problème.

UNE BELLE SOIRÉE

Ce fut donc une belle soirée de boxe. Il va falloir maintenant trouver des adversaire­s de plus haut niveau pour les garçons d’Anna Reva. Ses quatre Kazakhs sont trop forts pour la compétitio­n. On dirait qu’ils ont été conçus et éduqués par le père de Gennady Golovkin. Vive le Kazakhstan québécois…

Ils montent dans le ring et règlent la patente en moins de quatre minutes : « Ils sont affamés, je ne les nourris pas », a dit la belle Anna. C’était une blague, évidemment.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Yves Ulysse était déçu de la décision des juges, mais le promoteur Camille Estephan est convaincu que son protégé va apprendre beaucoup de ce revers.
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