Le Journal de Montreal

ARRÊTÉE COMME GUY OUELLETTE

Ils se sont cachés de la police ensemble vendredi Il s’apprêtait à révéler des faits troublants sur l’UPAC Elle lui suggère de témoigner à l’Assemblée nationale

- ALEXANDRE ROBILLARD, FÉLIX SÉGUIN ET ANTOINE ROBITAILLE

Guy Ouellette a été arrêté la semaine dernière parce qu’il s’apprêtait à faire des révélation­s potentiell­ement dévastatri­ces pour l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC), soutient Annie Trudel.

L’ex-analyste du ministère des Transports a dit en entrevue avec notre Bureau d’enquête que le député de Chomedey souhaitait mettre au jour un stratagème allégué impliquant l’UPAC, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultant­s.

« COLLUSION », FIRMES EN « OTAGE »

Mme Trudel enjoint à M. Ouellette de se rendre à l’Assemblée nationale dès demain afin de révéler ce qu’il sait de cette situation.

« M. Ouellette va juger s’il doit le faire ou non, a-t-elle dit. J’espère qu’il va y aller. J’espère qu’il ne se laissera pas intimider, j’espère qu’il va continuer à faire tout ce qu’il peut faire à titre d’élu pour représente­r les citoyens », a-t-elle lancé en entrevue. Mme Trudel craint toutefois qu’une nouvelle arrestatio­n puisse « l’empêcher de se rendre » à l’hôtel du Parlement pour faire une déclaratio­n.

Mme Trudel précise que c’est elle qui a informé M. Ouellette ainsi que deux autres élus de la situation de « collusion » impliquant l’UPAC, l’AMF et une firme de consultant­s. Des gens bien au fait des « irrégulari­tés ont transmis toutes les informatio­ns aux députés » en question, note-t-elle.

Voici ce qui aurait été découvert : depuis 2013, les firmes qui souhaitent soumission­ner pour des contrats publics doivent obtenir une autorisati­on de l’AMF.

Dès le début du processus, l’UPAC intervient : elle effectue des vérificati­ons au sujet de l’entreprise réclamant une autorisati­on puis elle formule ses recommanda­tions.

Par la suite, l’AMF recommande à l’entreprise « de s’adresser à une certaine firme de consultant pour faire faire les diagnostic­s [et] appliquer les recommanda­tions », explique Mme Trudel.

Or, ce processus serait vicié, entaché d’arbitraire et de coûts exorbitant­s imprévus, selon elle. Mme Trudel soutient que dans un cas, une entreprise a eu à débourser quelque 600000 $ en honoraires; dans un autre, un million.

Elle n’hésite pas à parler de « collusion » entre l’AMF, l’UPAC et la firme de consultant­s. À ses yeux, les compagnies sont « prises en otage » par ce trio. « Si elles n’ont pas leur permission de l’AMF, elles font faillite […]. C’est très grave », peste-t-elle. « Si je retiens la définition de la corruption de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s [OCDE], ce serait de la corruption. »

L’AMF SUR LA SELLETTE

Selon un horaire fixé depuis plusieurs semaines, les hauts dirigeants de l’AMF doivent comparaîtr­e mercredi à l’Assemblée nationale devant les parlementa­ires de la Commission de l’administra­tion publique. Député indépendan­t, Guy Ouellette aurait le droit participer aux auditions et d’obtenir quelques minutes pour intervenir.

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PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK Guy Ouellette et la sonneuse d’alerte Annie Trudel ont participé ensemble à un souper-conférence. La photo a été publiée sur la page Facebook du député le 20 octobre.

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