ARRÊTÉE COMME GUY OUELLETTE
Ils se sont cachés de la police ensemble vendredi Il s’apprêtait à révéler des faits troublants sur l’UPAC Elle lui suggère de témoigner à l’Assemblée nationale
Guy Ouellette a été arrêté la semaine dernière parce qu’il s’apprêtait à faire des révélations potentiellement dévastatrices pour l’Unité permanente anticorruption (UPAC), soutient Annie Trudel.
L’ex-analyste du ministère des Transports a dit en entrevue avec notre Bureau d’enquête que le député de Chomedey souhaitait mettre au jour un stratagème allégué impliquant l’UPAC, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultants.
« COLLUSION », FIRMES EN « OTAGE »
Mme Trudel enjoint à M. Ouellette de se rendre à l’Assemblée nationale dès demain afin de révéler ce qu’il sait de cette situation.
« M. Ouellette va juger s’il doit le faire ou non, a-t-elle dit. J’espère qu’il va y aller. J’espère qu’il ne se laissera pas intimider, j’espère qu’il va continuer à faire tout ce qu’il peut faire à titre d’élu pour représenter les citoyens », a-t-elle lancé en entrevue. Mme Trudel craint toutefois qu’une nouvelle arrestation puisse « l’empêcher de se rendre » à l’hôtel du Parlement pour faire une déclaration.
Mme Trudel précise que c’est elle qui a informé M. Ouellette ainsi que deux autres élus de la situation de « collusion » impliquant l’UPAC, l’AMF et une firme de consultants. Des gens bien au fait des « irrégularités ont transmis toutes les informations aux députés » en question, note-t-elle.
Voici ce qui aurait été découvert : depuis 2013, les firmes qui souhaitent soumissionner pour des contrats publics doivent obtenir une autorisation de l’AMF.
Dès le début du processus, l’UPAC intervient : elle effectue des vérifications au sujet de l’entreprise réclamant une autorisation puis elle formule ses recommandations.
Par la suite, l’AMF recommande à l’entreprise « de s’adresser à une certaine firme de consultant pour faire faire les diagnostics [et] appliquer les recommandations », explique Mme Trudel.
Or, ce processus serait vicié, entaché d’arbitraire et de coûts exorbitants imprévus, selon elle. Mme Trudel soutient que dans un cas, une entreprise a eu à débourser quelque 600000 $ en honoraires; dans un autre, un million.
Elle n’hésite pas à parler de « collusion » entre l’AMF, l’UPAC et la firme de consultants. À ses yeux, les compagnies sont « prises en otage » par ce trio. « Si elles n’ont pas leur permission de l’AMF, elles font faillite […]. C’est très grave », peste-t-elle. « Si je retiens la définition de la corruption de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], ce serait de la corruption. »
L’AMF SUR LA SELLETTE
Selon un horaire fixé depuis plusieurs semaines, les hauts dirigeants de l’AMF doivent comparaître mercredi à l’Assemblée nationale devant les parlementaires de la Commission de l’administration publique. Député indépendant, Guy Ouellette aurait le droit participer aux auditions et d’obtenir quelques minutes pour intervenir.