Le Journal de Montreal

Arrêtée sur le trottoir après avoir été suivie par l’UPAC

L’analyste Annie Trudel était soupçonnée d’avoir détruit de la preuve policière

- ALEXANDRE ROBILLARD, FÉLIX SÉGUIN ET ANTOINE ROBITAILLE

Le député Guy Ouellette n’est pas le seul à avoir été arrêté par l’Unité permanente anticorrup­tion la semaine dernière, a appris notre Bureau d’enquête.

L’analyste en matière de corruption Annie Trudel a également été ciblée par les policiers, a-t-elle révélé hier dans une entrevue.

Dans un communiqué de presse qui n’était plus disponible sur son site internet hier soir, l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) affirmait pourtant la semaine dernière qu’une seule personne, non identifiée, avait été arrêtée mercredi dans le cadre d’une enquête qui porterait sur des fuites de preuve.

Des sources ont indiqué qu’il s’agissait de M. Ouellette. Jusqu’ici, aucune accusation n’a été portée contre le député.

AU MOINS UNE AUTRE ARRESTATIO­N

Mme Trudel a révélé qu’elle avait également été arrêtée par les agents de l’UPAC, à Montréal, avant que M. Ouellette se retrouve dans la même situation à Québec. Elle marchait à l’extérieur quand elle a été abordée par deux policiers. Ils lui auraient alors appris qu’elle était soupçonnée d’avoir détruit de la preuve.

Jugeant ce motif frivole, Mme Trudel, qui a dit lors de l’entrevue ne s’être jamais intéressée à la preuve de l’enquête Mâchurer (voir le fil des événements à gauche), a refusé de leur répondre.

« Ils ont menacé de m’arrêter si je ne jasais pas avec eux », a-t-elle dit en précisant qu’ils ne disposaien­t pas de mandat d’arrestatio­n.

Restant sur ses positions, l’analyste s’est informée de sa situation. « Je leur ai dit : “Estce que je suis arrêtée ?” Ils m’ont dit : “Oui.” Je leur ai dit : “Parfait, allons au poste.” »

Mais les deux enquêteurs chargés de la filature devaient appeler des renforts qui la prendraien­t en charge. « J’ai dû rester tout près d’eux pendant que l’un faisait un appel. »

Au bout de quelques minutes sur le trottoir, coup de théâtre, les policiers décident de la relâcher.

« J’ai été en état d’arrestatio­n pendant une quinzaine de minutes pour destructio­n de preuve », a-t-elle dit en précisant qu’elle n’a été accusée de rien.

RÉFUGIÉS SOUS FILATURE

Après être intervenus auprès de Mme Trudel et de M. Ouellette, qui a été relâché dans la nuit de mercredi à jeudi, les policiers ont continué à les suivre, a raconté l’analyste.

Vendredi, alors qu’ils étaient ensemble au centre-ville de Montréal après une rencontre, ils ont constaté qu’ils étaient suivis. « On s’est rendu compte encore une fois qu’on était sous filature. »

Mal à l’aise face à cette situation, ils ont décidé de trouver refuge dans les bureaux du réseau Cogeco. « On s’est cachés de la police. »

Selon Mme Trudel, M. Ouellette n’a pas l’air « abattu », malgré son arrestatio­n la semaine dernière.

Une porte-parole de l’UPAC, Anne-Frédérick Laurence, n’a pas répondu à une demande transmise vendredi pour confirmer le nombre d’arrestatio­ns effectuées mercredi.

 ?? CAPTURE D’ÉCRAN ?? En entrevue à notre Bureau d’enquête, hier, Annie Trudel a raconté qu’elle avait été arrêtée pendant une quinzaine de minutes, mercredi dernier, le même jour où l’UPAC a arrêté le député Guy Ouellette. Aucun des deux n’est accusé de quoi que ce soit...
CAPTURE D’ÉCRAN En entrevue à notre Bureau d’enquête, hier, Annie Trudel a raconté qu’elle avait été arrêtée pendant une quinzaine de minutes, mercredi dernier, le même jour où l’UPAC a arrêté le député Guy Ouellette. Aucun des deux n’est accusé de quoi que ce soit...

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