Communications en mandarin pour séduire les votants asiatiques
À Brossard, cette communauté représente le quart des électeurs potentiels
Publicités en mandarin, candidats parlant cantonais. Les quatre candidats à la mairie de Brossard ne lésinent pas sur les moyens pour séduire la forte communauté asiatique de la Rive-Sud.
Selon le recensement de 2016, les Asiatiques représentent 26 % de la population de la municipalité, soit la plus grosse concentration pour une ville au Québec. À eux seuls, les ressortissants chinois seuls forment 13 % de la population.
« C’est un groupe qui traditionnellement s’intéressait peu à la politique. Mais avec le temps, ces gens-là votent de plus en plus, donc on essaie de les rejoindre », dit le chef de Renouveau Brossard, JeanMarc Pelletier.
Pour sa campagne actuelle, le candidat a acheté une pleine page de publicité en mandarin dans un journal local publié en langue chinoise. Son équipe sillonne également la ville avec un VUS sur lequel est installé un écran lumineux diffusant un message écrit en français, en anglais et en mandarin.
Une pratique qui peut surprendre, mais qui est autorisée au regard de la Charte de la langue française. L’article 58 qui impose l’affichage en français ne s’applique pas « aux messages de type religieux, politique, idéologique ou humanitaire ».
« C’est utopique de croire que tous les nouveaux arrivants d’origine chinoise parlent le français, estime M. Pelletier. Si on veut qu’ils s’intéressent à la politique, la politique doit se mettre à leur niveau. »
LANGUE ET VALEURS
Le maire sortant Paul Leduc partage ce point de vue. Pour se faire réélire, il multiplie les entrevues dans des médias en langue chinoise et se rend régulièrement dans le « Chinatown » de Brossard accompagné par la candidate de son équipe Xixi Li, directrice du Centre Sino-Québec de la Rive-Sud.
« Quand il faut s’adresser aux gens en mandarin ou en cantonais, je la laisse faire, moi je ne connais que “bonjour” et “merci” », explique M. Leduc.
Son adversaire Doreen Assaad a elle aussi dans son équipe une candidate d’origine asiatique, Michelle Hui. « Nous avons rencontré des leaders [de la communauté chinoise] et nous sommes très actifs sur les médias sociaux chinois tels que WeChat, un moyen innovateur de joindre cette communauté », fait savoir son parti, Brossard Ensemble. Une bénévole du parti surveille d’ailleurs les réseaux sociaux (voir autre texte).
Enfin, le candidat indépendant Hoang Mai mise quant à lui sur ses origines vietnamiennes pour devenir le premier maire au Québec issu de cette communauté.
« Je veux être un pont entre les personnes d’origine asiatique et la société québécoise, dit celui qui est né et a grandi à Brossard. Je sens une certaine fierté de la communauté d’avoir un des leurs qui se présente. »
Un sentiment que confirme Leo Chau, propriétaire du restaurant chinois le Bol d’or et fervent partisan de Hoang Mai.
« L’important n’est pas que les candidats parlent chinois parce que de plus en plus, nous apprenons le français ou l’anglais, dit-il. Ce que nous cherchons c’est un candidat qui partage nos valeurs, notamment en faveur de la famille. »