Le Journal de Montreal

Non, la burqa n’est pas une « obligation islamique »

- fatima.houda-pepin @quebecorme­dia.com

La levée de boucliers pour défendre la burqa comme « signe religieux », en marge de l’adoption de « la loi 62 sur la NON-neutralité religieuse de l’État », est l’illustrati­on d’une grande dérive.

À chaque élite politique, sa burqa. Il y a quelque chose de surréalist­e à voir le premier ministre Justin Trudeau et ses vis-à-vis de l’Ontario et de l’Alberta, Kathleen Wynne et Rachel Notley, monter au front pour rabrouer le premier ministre Couillard.

Or, ce dernier loge à la même enseigne. Il a bel et bien introduit une dispositio­n dans sa fameuse loi 62 qui permet aux employés de l’État de porter le tchador, la burqa et le niqab, par voie d’accommodem­ent.

Avant le Canada, la France a été secouée par la controvers­e de la burqa et l’a interdite dans l’espace public, en 2010. La Belgique a fait de même en 2011. Les poursuites judiciaire­s intentées contre la France et la Belgique ont été rejetées par la Cour européenne des droits de l’homme, en 2014 et 2017.

En janvier dernier, le Maroc, dont l’islam est la religion d’État, a interdit officielle­ment la fabricatio­n et la vente de burqas sur son territoire.

Et pour cause, l’irruption dans l’espace public de cet accoutreme­nt dégradant pour les femmes n’est pas le fruit du hasard. Elle coïncide avec la montée des mouvances salafistes et des groupes djihadiste­s dans le monde.

Déjà, dans les années 1980, on distribuai­t des bourses aux étudiantes universita­ires au Moyen-Orient pour s’enfoularde­r et donner l’exemple. À l’époque, il n’était question que de foulards « dits » islamiques.

Mais plus ces groupes se radicalise­nt, plus ils poussent le bannisseme­nt du corps de la femme de l’espace public à son maximum.

L’émergence d’Al-Qaïda en Afghanista­n, en 1987, va propulser les talibans à l’avant-scène et avec eux leur mode afghane : pakoul (béret en forme de galette) pour les hommes et burqa pour les femmes.

Au début des années 1990, l’Algérie est ébranlée par la montée du Front islamique du salut (FIS). Sur des campus universita­ires, des jeunes filles se faisaient harceler pour porter la burqa. Certaines se sont même fait taillader les jambes avec des lames de rasoir.

DE LA PURE SUPERCHERI­E

Cette revendicat­ion de la burqa comme « obligation religieuse » est de la pure supercheri­e, sortie tout droit du guide des parfaits islamistes. Elle n’a aucun fondement juridique en islam.

À quel moment la burqa est devenue « islamique » ? En 1996, quand les talibans – un groupe inscrit sur la liste officielle des organisati­ons terroriste­s au Canada – ont pris le pouvoir en Afghanista­n et l’ont imposée à toutes les femmes afghanes.

Comment expliquer, donc, que l’islam existe depuis 14 siècles et que les musulmanes ne l’avaient jamais portée ? Ont-elles vécu dans le péché tout ce temps-là sans le savoir ?

NON. Parce que la burqa n’est que le paravent d’une stratégie plus globale, celle du djihad politique et juridique mené par les islamistes radicaux contre l’Occident, en s’attaquant aux fondements mêmes de sa démocratie.

Non, l’islam ne l’a jamais exigée. Les islamistes radicaux, oui. Ceux pour qui la femme symbolise tout ce que l’Occident a de pire à leurs yeux : la liberté, la modernité et l’égalité. (Voir mon texte sur « La loi du tchador » http://bit. ly/2dRQcrJ)

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HOUDA-PEPIN FATIMA Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère
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Cette revendicat­ion de la burqa comme « obligation religieuse » est de la pure supercheri­e.

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