Le chemin de la liberté
Il y aura 30 ans le 1er novembre, le Québec perdait en René Lévesque un de ses plus illustres patriotes. René Lévesque a voulu en quelque sorte montrer au peuple québécois le chemin de la liberté (Pierre Godin, L’homme brisé, Boréal, 1997, p. 531). Il a laissé une marque profonde dans l’âme des Québécois.
De 1956 à 1959, avec son émission Point de mire à Radio-Canada, René Lévesque a su intéresser les Québécois aux enjeux complexes de la politique internationale avec son style simple, captivant, imagé et direct. Il savait raconter une histoire de façon vivante et arrivait à créer une forme de proximité avec le public, sans jamais verser dans le populisme. Il a ainsi ouvert des fenêtres dans une société repliée sur elle-même à la fin du régime de Maurice Duplessis.
Lévesque aimait souvent répéter : « Être informé, c’est être libre. » Il a amené les Québécois à être davantage conscients de leur propre identité et de leur valeur, et à s’affirmer chez eux et dans le monde.
Lorsque René Lévesque est arrivé au pouvoir, le 15 novembre 1976, tout devenait possible, un peu comme dans un YES WE CAN québécois. Outre la nationalisation de l’électricité réalisée plus tôt, plusieurs grandes réformes adoptées sous René Lévesque marquent encore la société québécoise, dont notamment la loi 101, l’assurance automobile, les dispositions anti-briseurs de grève, la Loi sur la protection du consommateur et la Loi sur le financement des partis politiques.
Plus que la défaite référendaire de 1980, c’est le sentiment profond et amer d’avoir fait reculer le Québec en 1981 qui a provoqué une déchirure chez Lévesque dans la foulée du rapatriement de la Constitution par Ottawa : perte du droit de veto historique du Québec et affaiblissement des pouvoirs de l’Assemblée nationale. Après ces épreuves, Lévesque ne sera plus jamais le même… René Lévesque a amené les Québécois à faire l’apprentissage de la confiance en soi pour qu’ils puissent s’affranchir d’un vieux complexe d’infériorité. Non, les Québécois ne sont pas nés pour un petit pain… Lévesque nous a légué la fierté d’être Québécois. Comme Félix Leclerc l’a écrit en guise d’épitaphe sur la pierre tombale de René Lévesque : « Dorénavant, il fait partie de la courte liste des libérateurs de peuple. »
Mais difficile est le chemin de la liberté…