Le Journal de Montreal

Près de 500 M$ en crédit d’impôt pour loger les « baby-boomers »

Les montants versés ont atteint un niveau record en 2016

- DIANE TREMBLAY

QUÉBEC | Le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés versé par le gouverneme­nt du Québec a atteint un niveau record de 455 M$ en 2016, par rapport à 280 M$ en 2012.

Selon les chiffres de Revenu Québec, on comptait 326 837 bénéficiai­res en 2016, soit 6 % de plus que l’année précédente, alors que 99,2 % des demandes provenaien­t de ménages vivant dans des résidences privées pour aînés (RPA). Moins de 0,5 % des demandes découlaien­t de ménages (personne seule ou en couple) vivant dans des condominiu­ms ou des logements.

Bien qu’elle ne remette nullement en question la mission du crédit d’impôt, l’Associatio­n québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretrait­ées (AQDR) s’interroge sur les mécanismes qui l’entourent.

Comme Le Journal a pu le constater, les promoteurs présentent souvent le crédit d’impôt comme une réduction du coût du loyer pour rendre plus accessible leur projet.

Plusieurs proposent de remplir la paperasse pour Revenu Québec. Certains exigent des frais de 15 $ par mois pour en faire la gestion. Ce crédit d’impôt prévoit le remboursem­ent jusqu’à 34 % des dépenses admissible­s (buanderie, entretien ménager, service alimentair­e, soins infirmiers et autres) jusqu’à un maximum de 8670 $ pour une personne seule.

« C’est le promoteur qui fait la demande, alors que ça retourne dans ses poches. Il y a lieu de s’interroger. C’est une question de transparen­ce », a réagi Serge Séguin, coordonnat­eur général pour AQDR.

Cette comptabili­té peut apparaître complexe, d’après l’organisme, pour une personne qui signe un bail pour la première fois de sa vie.

À LA DÉFENSE DES RPA

Selon le PDG du Regroupeme­nt québécois des résidences pour aînés, Yves Desjardins, les locataires sont libres de choisir. Personne ne les oblige à signer. Les RPA évoluent dans un marché privé où chaque propriétai­re fixe le prix des loyers en raison des services offerts.

« Je ne vous cacherai pas que cette mesure vient nous aider, mais ce n’est pas vrai qu’une mesure qui aide les aînés vient enrichir les propriétai­res », a-t-il réagi.

DEMANDE AU QUÉBEC

Le pourcentag­e de gens de 75 ans et plus ayant choisi de vivre dans une résidence privée pour aînés est deux fois plus élevé au Québec que dans le reste du Canada, où ce crédit d’impôt n’existe pas. En 2016, le taux d’attraction s’élevait à 18,4 % au Québec, alors qu’il était à 5,4 % en Ontario.

Dans ce contexte, l’AQDR appelle à la prudence. « C’est sûr que ça peut être alléchant de se faire offrir une réduction, mais il faut bien s’informer avant de signer », conseille M. Séguin.

« On développe de gros complexes où l’on présente ça comme la belle vie, mais ce n’est pas tout le monde qui a le moyen de se payer cela », dit-il.

Newspapers in French

Newspapers from Canada