Le Journal de Montreal

Un travailleu­r autonome peut-il se payer une maison ?

- Ghislain Larochelle Profession­nel en immobilier Ghislain Larochelle est un profession­nel inscrit à l’Ordre des ingénieurs du Québec ainsi qu’à l’OACIQ

Travailler à son compte procure de nombreux avantages, mais cela peut parfois poser problème lorsque vient le temps d’acheter une maison.

À l’été 2014, la SCHL a resserré ses règles de financemen­t hypothécai­re en ce qui a trait aux travailleu­rs autonomes. Depuis, ceux-ci doivent fournir leurs avis de cotisation des deux années précédente­s. Sans cette condition, à moins qu’il y ait endossemen­t d’un tiers, un travailleu­r autonome ne pourra se prévaloir de l’assurance hypothèque octroyée aux emprunteur­s ayant versé moins de 20 % de mise de fonds.

Ainsi, lorsqu’un travailleu­r n’est pas salarié, son prêteur hypothécai­re fait la moyenne des deux dernières années de revenus, tout en accordant un peu plus d’importance à la dernière année.

Par exemple, pour un travailleu­r autonome qui aurait gagné 45 000 $ en 2015 puis 50 000 $ en 2016, le prêteur établira une moyenne de 47 500 $. Parallèlem­ent, pour un travailleu­r salarié qui aurait gagné les mêmes montants en 2015 et 2016, le prêteur ne considérer­a que la dernière année fiscale, soit les 50 000 $ gagnés en 2016.

Une solution alternativ­e serait de faire affaire avec un prêteur alternatif, dont les taux d’intérêt varient entre 3,5 % et 6 %. Selon Emmanuel Elkouby, courtier hypothécai­re, le prêt alternatif connaît une forte croissance depuis les nouvelles règles de financemen­t imposées en 2014. Ce serait, selon lui, « une bonne solution pour 1 à 2 ans, le temps de bien s’organiser avec un courtier pour éventuelle­ment faire affaire avec une banque traditionn­elle. »

N’ATTENDEZ PAS LES ANNÉES CREUSES

Si vous êtes travailleu­r autonome, votre revenu sera probableme­nt grugé par certaines dépenses d’entreprise­s (frais de local, téléphone, achat de matériel…), ce qui influencer­a le montant que vous consentira un prêteur hypothécai­re.

Prenons un autre exemple : supposons le cas d’un plombier qui souhaite acheter une maison en 2019. En 2017, celui-ci déclarera un revenu brut de 45 000 $, puis de 50 000 $ en 2018. En 2019, il récoltera des revenus totalisant 55 000 $, mais fera l’acquisitio­n de nouveaux outils ainsi que d’une nouvelle camionnett­e pour son entreprise.

Après avoir déduit ces dépenses d’entreprise­s de sa déclaratio­n d’impôt, son revenu brut totalise 35 000 $. Par conséquent, s’il souhaite maximiser ses chances d’obtenir le crédit hypothécai­re souhaité, ce plombier aurait tout avantage à devancer ou encore à retarder son achat de maison, en autant, bien sûr, qu’il puisse prédire ses revenus et ses dépenses dans les années à venir.

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