Les meilleurs moments
Malgré la tempête qui frappe le milieu culturel, c’est un Gala de l’ADISQ réjouissant qu’on nous a servi hier soir.
La pression était forte sur Louis-José Houde. Depuis le dévoilement des allégations d’inconduites sexuelles contre Gilbert Rozon, Éric Salvail et compagnie, le showbiz québécois traverse une période de crise. Comment allait-on aborder le sujet brûlant en pleine cérémonie ?
Au final, Louis-José Houde n’a pas fait grand état du scandale. Hormis une pointe contre Éric Salvail décochée en ouverture et une mention en clôture, l’animateur a esquivé le sujet. Et c’est tant mieux. Parce qu’il a misé sur ses forces pour livrer un monologue rythmé, divertissant, gentiment cinglant et drôle à souhait.
La façon dont il décrit les artistes québécois à sa soeur exilée aux États-Unis depuis 12 ans nous restera en mémoire longtemps. Patrice Michaud ? « Un moniteur de camp de jour un peu trop vieux pour être moniteur. » Alex Nevsky ? « Un patineur artistique de 1982. » Marc Hervieux ? « Un Denis Coderre un peu pacté dans l’sud. » On la rit encore.
RICHE MENU MUSICAL
Nous avons été également gâtés du côté des prestations. Offrant une aussi belle diversité musicale que générationnelle, le numéro réunissant Alaclair Ensemble, Charlotte Cardin et Daniel Bélanger a placé la barre haut en lever de rideau.
La soirée a également proposé plusieurs rencontres réussies, notamment entre Patrice Michaud et Émile Bilodeau, qui ont présenté un mash-up de Kamikaze et J’en ai plein mon cass. Le pot-pourri aux accents funk des Brooks en compagnie d’Alexe Gaudreault, Alex Nevsky et Robert Charlebois (qui a chanté les mots de Réjean Ducharme) s’est également illustré.
ÉMOTIONS POUR COHEN
Exception faite des jeux de mots plus ou moins convaincants des 2Frères sur Rozon (« R-osons dénoncer ») et Salvail (« Ça l’vaille pas la peine »), la cérémonie de plus de deux heures s’est déroulée sans heurt.
Sobre, mais senti, l’hommage posthume à Leonard Cohen, au cours duquel les artistes au parterre, menés par Richard Séguin, ont repris l’indémodable Hallelujah, a provoqué son lot de frissons.
L’émotion était également palpable durant les remerciements de Serge Postigo, récipiendaire du Félix du meilleur Spectacle interprète pour Mary Poppins, une comédie musicale produite par Juste pour rire. Le metteur en scène a déclaré qu’on devait s’occuper des victimes de Rozon, mais qu’on devait éviter d’en faire plusieurs autres collatérales, en référence aux nombreux employés de l’entreprise qui risquent de voir leur emploi disparaître.
« Ne laissons pas l’horreur décimer leur avenir à court et moyen terme », a insisté Serge Postigo avec solennité.