Les travailleurs des services de garderie en ont ras le bol
400 CPE fermés hier pour la première journée de débrayage des éducatrices
QUÉBEC | Des centaines de manifestants ont pris la rue, hier matin, dans une tentative des travailleuses des centres de la petite enfance (CPE) de faire entendre leur voix auprès du gouvernement Couillard.
À Montréal, ils étaient des centaines à faire entendre leur mécontentement dans les rues de la métropole.
À Québec, ils ont pris d’assaut la Grande Allée. Une grande partie des 1500 éducatrices de la région qui sont en grève étaient sur place, mais aussi des parents et leurs enfants venus leur prêter main-forte.
Plus de 400 CPE étaient fermés hier alors que les 11 000 éducatrices, qui sont sans convention collective depuis 31 mois, étaient en grève.
Il s’agissait de leur première de journée de débrayage. Un mandat de six journées de grève a été entériné à plus de 94 % par les travailleuses à travers le Québec, le syndicat ne fermant pas la porte à ce que les cinq autres soient utilisées.
« À la suite de la première journée, on verra s’il y a un déblocage dans les négociations. Sinon, on va regarder comment utiliser les prochaines journées de grève », prévient la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des CPE de la région de Québec–Chaudière-Appalaches et porte-parole du comité national de négociation des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux, Louise Labrie.
« On a fait toutes sortes d’autres moyens d’action. Mais là, on est rendus au bout des moyens. On est rendus à la démonstration du rapport de force », indique-t-elle.
NÉGOCIATIONS SUSPENDUES
Les pourparlers entre les travailleuses et la partie patronale ont été rompus jeudi en fin d’après-midi. Les négociations semblent d’autant plus loin de s’achever, puisqu’une dizaine de points litigieux resteraient à régler.
Les travailleuses restent inflexibles sur deux fronts, soit que l’âge de la retraite passe de 60 à 61 ans et le partage de déficits futurs du régime de retraite.
« Sur les deux principaux points qu’ils nous demandent, il n’y a pas d’enjeux financiers, selon eux. Pourquoi changer quelque chose s’il n’y a pas d’enjeux financiers ? » se questionne Mme Labrie, selon qui cette approche n’est « pas loin » du manque de respect.
PARENTS MÉCONTENTS
Bien conscient que les parents pourraient être froissés par ce moyen de pression, le syndicat les appelle malgré tout à lui prêter main-forte.
« Si vous êtes mécontents et que vous voulez que les négociations débloquent, appelez au bureau du ministre de la Famille pour lui dire de débloquer des mandats de négociation », invite la présidente du regroupement.
« Les parents ont plus de pouvoir que nous vis-à-vis le ministère pour dire qu’il faut que les services reprennent. »
D’ailleurs, l’arrivée de nouvelles têtes dirigeantes au ministère de la Famille et au Conseil du trésor ne suscite pas d’optimisme particulier.
« La semaine dernière, le nouveau ministre [de la Famille Luc Fortin] écoutait les mémoires sur un projet de loi pour améliorer la qualité des services. Mais en même temps, il refuse d’accorder des conditions décentes à celles qui assurent cette qualité de service. »