La vente d’Aecon scrutée à la loupe
Ottawa doit approuver la transaction
Ottawa s’engage à scruter à la loupe l’acquisition de la firme canadienne Aecon par une entreprise chinoise, alors que les États-Unis n’écartent pas de l’exclure dorénavant de ses appels d’offres.
L’annonce, la semaine dernière, de la vente de l’entreprise ontarienne d’infrastructures au géant chinois CCCC International Holding a déclenché des sonnettes d’alarme autant à Washington qu’à Ottawa, où la vente à des intérêts étrangers fera l’objet d’une révision formelle au cours des prochains mois.
« La [vente] n’est pas finale tant qu’elle n’a pas été approuvée par le gouvernement du Canada dans le cadre du processus d’examen en vertu de la Loi sur Investissement Canada », explique Karl Sasseville, le porte-parole du ministre de l’Innovation Navdeep Bains. Ce processus doit commencer sous peu.
SOMBRE RÉPUTATION
La réputation de CCCC International est loin d’être irréprochable. La Banque mondiale lui a notamment interdit pendant huit ans de poser sa candidature pour des projets de construction en raison d’un scandale de truquage d’offres aux Philippines.
La société d’État chinoise a aussi été très impliquée dans la construction d’îles artificielles dans la mer de Chine, une initiative de Pékin qui génère d’intenses tensions entre la Chine et plusieurs pays asiatiques. Les États-Unis ont aussi dénoncé cette pratique à maintes reprises.
ESPIONNAGE DE CERTAINS PAYS
Ce n’est pas tout, elle a aussi suscité des inquiétudes en matière d’espionnage de certains pays, ce qui a poussé cette semaine Michael Wessel, un membre du comité du commerce international du Congrès américain, à dire que la vente empêchera probablement Aecon de poser sa candidature à des projets d’infrastructures aux États-Unis.
Les craintes pour la sécurité nationale feront partie de l’examen d’Ottawa, assure M. Sasseville. Ottawa peut aussi déclencher une enquête additionnelle.
L’an dernier, cinq examens de la sorte ont été menés. Dans trois cas, l’investisseur a été obligé de se départir du contrôle de l’entreprise et dans deux autres cas, les investisseurs ont pu effectuer leurs investissements sous certaines conditions.
La Caisse de dépôt et placement du Québec a pour sa part précisé la semaine dernière que la vente d’Aecon ne changeait rien à la candidature de l’entreprise pour le projet du Réseau électrique métropolitain (REM). Aecon fait partie d’un consortium en lice pour construire les installations (rails, stations, etc.) du train de la Caisse.