Le Journal de Montreal

La vente d’Aecon scrutée à la loupe

Ottawa doit approuver la transactio­n

- PHILIPPE ORFALI

Ottawa s’engage à scruter à la loupe l’acquisitio­n de la firme canadienne Aecon par une entreprise chinoise, alors que les États-Unis n’écartent pas de l’exclure dorénavant de ses appels d’offres.

L’annonce, la semaine dernière, de la vente de l’entreprise ontarienne d’infrastruc­tures au géant chinois CCCC Internatio­nal Holding a déclenché des sonnettes d’alarme autant à Washington qu’à Ottawa, où la vente à des intérêts étrangers fera l’objet d’une révision formelle au cours des prochains mois.

« La [vente] n’est pas finale tant qu’elle n’a pas été approuvée par le gouverneme­nt du Canada dans le cadre du processus d’examen en vertu de la Loi sur Investisse­ment Canada », explique Karl Sasseville, le porte-parole du ministre de l’Innovation Navdeep Bains. Ce processus doit commencer sous peu.

SOMBRE RÉPUTATION

La réputation de CCCC Internatio­nal est loin d’être irréprocha­ble. La Banque mondiale lui a notamment interdit pendant huit ans de poser sa candidatur­e pour des projets de constructi­on en raison d’un scandale de truquage d’offres aux Philippine­s.

La société d’État chinoise a aussi été très impliquée dans la constructi­on d’îles artificiel­les dans la mer de Chine, une initiative de Pékin qui génère d’intenses tensions entre la Chine et plusieurs pays asiatiques. Les États-Unis ont aussi dénoncé cette pratique à maintes reprises.

ESPIONNAGE DE CERTAINS PAYS

Ce n’est pas tout, elle a aussi suscité des inquiétude­s en matière d’espionnage de certains pays, ce qui a poussé cette semaine Michael Wessel, un membre du comité du commerce internatio­nal du Congrès américain, à dire que la vente empêchera probableme­nt Aecon de poser sa candidatur­e à des projets d’infrastruc­tures aux États-Unis.

Les craintes pour la sécurité nationale feront partie de l’examen d’Ottawa, assure M. Sasseville. Ottawa peut aussi déclencher une enquête additionne­lle.

L’an dernier, cinq examens de la sorte ont été menés. Dans trois cas, l’investisse­ur a été obligé de se départir du contrôle de l’entreprise et dans deux autres cas, les investisse­urs ont pu effectuer leurs investisse­ments sous certaines conditions.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a pour sa part précisé la semaine dernière que la vente d’Aecon ne changeait rien à la candidatur­e de l’entreprise pour le projet du Réseau électrique métropolit­ain (REM). Aecon fait partie d’un consortium en lice pour construire les installati­ons (rails, stations, etc.) du train de la Caisse.

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