Le Journal de Montreal

Chagnon va dire non à la police

- KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | Niant les allégation­s de collusion et de corruption dont elle fait l’objet, l’Autorité des marchés financiers reconnaît toutefois l’existence d’un « marché d’accompagne­ment » des entreprise­s, qui pourraient débourser jusqu’à 1 M$ pour être guidées dans leur processus d’accréditat­ion.

À en croire la sonneuse d’alarme Annie Trudel, l’Unité permanente anticorrup­tion et l’AMF auraient mis en place un stratagème qui forcerait des entreprise­s à recourir à un cabinet de consultant­s et à débourser d’importante­s sommes d’argent pour favoriser leur accréditat­ion.

Convoquée en commission parlementa­ire pour une tout autre affaire hier, l’AMF a de nouveau réfuté ces allégation­s « extrêmemen­t graves ». « Ce n’est pas de notre faute. Nous n’exigeons pas que ces entreprise­s-là passent par un consultant externe, se défend le président-directeur général, Louis Morisset. Il n’y a aucun enjeu de cette nature-là à l’AMF. »

300 ENTREPRISE­S

Il affirme que l’UPAC n’a décelé aucun problème d’intégrité chez la « grande majorité » des 4000 sociétés privées qui ont été accréditée­s à ce jour par l’AMF. Quelque 300 entreprise­s ont cependant reçu des préavis de refus ou des demandes de correctifs sur certains éléments identifiés par l’UPAC lors de son enquête.

M. Morisset « présume » que ces dernières ont pu engager des consultant­s externes pour atteindre le niveau d’intégrité exigé par l’UPAC. S’il dit ignorer les honoraires de ces firmes, il affirme toutefois avoir été informé que dans des « cas exceptionn­els », la facture était « plutôt salée ». « C’est ce qu’on a entendu », a-t-il lancé, en réponse au député caquiste François Bonnardel, qui avançait que des entreprise­s pouvaient payer « 100 000 $, 500 000 $ ou même 1 M$ ».

L’AMF soutient cependant que « plus d’une trentaine » de firmes sont intervenue­s dans différents dossiers, en plus des cabinets d’avocats. Elle assure qu’aucun cabinet n’est favorisé ou recommandé par l’AMF. Aucune entreprise externe n’aurait d’ailleurs le « monopole » de ce service, la plus populaire recueillan­t « 20 % » du marché, estime M. Morisset.

ENQUÊTE DE LA VG

Québec a mandaté la vérificatr­ice générale, lundi, afin qu’elle se penche sur ces allégation­s. En commission parlementa­ire, hier, Guylaine Leclerc a assuré qu’elle comptait obtenir la version des personnes qui ont révélé ces informatio­ns afin d’en connaître la teneur. Sans détailler son plan d’action, elle prévoit analyser les processus en cours à l’UPAC et à l’AMF.

S’il accueille cette démarche, le député péquiste Nicolas Marceau s’interroge toutefois sur les moyens dont dispose la VG pour mener à bien son travail. Il réclame une enquête policière. De son côté, François Bonnardel demande à voir la liste des firmes externes retenues par des entreprise­s en processus d’accréditat­ion auprès de l’AMF.

 ??  ??
 ??  ?? LOUIS MORISSET PDG de l’AMF
LOUIS MORISSET PDG de l’AMF

Newspapers in French

Newspapers from Canada