Le Journal de Montreal

De quoi réfléchir sur l’affaire Ouellette

Afin d’alimenter votre réflexion sur l’affaire Ouellette, voici — en vrac — quelques questions que je me pose…

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

1) Jacques Chagnon, président de l’Assemblée nationale, nous a mis en garde contre les dérives totalitair­es d’un corps de police qui outrepasse­rait ses pouvoirs.

Du même souffle, il a demandé à l’UPAC d’accuser formelleme­nt Guy Ouellette ou de s’excuser.

Un corps policier qui porte des accusation­s à la place du DPCP, n’est-ce pas, justement, une dérive totalitair­e ?

C’est le genre de police que veut monsieur Chagnon ?

POURQUOI CE SILENCE ?

2) Guy Ouellette semble savoir beaucoup de choses sur l’UPAC.

Il a même affirmé, dans sa courte déclaratio­n : « Depuis les dernières semaines, des irrégulari­tés dans l’applicatio­n de certaines règles de gouvernanc­e [au sein de l’UPAC] ont été portées à notre attention. »

Pourquoi le député de Chomedey n’a-t-il pas profité de son immunité parlementa­ire pour cracher — enfin — le morceau ? Pour dire tout ce qu’il sait sur l’UPAC ?

Légalement, il le pouvait, personne n’aurait pu l’en empêcher… Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Qu’est-ce qui le retenait ?

3) Pourquoi l’UPAC a-t-elle attendu si longtemps pour tenir un point de presse et répondre aux questions des journalist­es ?

Monsieur Lafrenière ne sentait pas le malaise au sein de la population ?

4) Question à la population, maintenant : qu’est-ce que vous voulez, au juste ?

Quand la police n’arrête pas un élu, vous dites qu’elle le protège. Quand elle l’arrête, vous dites qu’elle abuse de ses pouvoirs. Faites-vous une tête ! Si l’UPAC avait toutes les raisons de croire que monsieur Ouellette avait commis un geste illégal, pourquoi ne l’aurait-elle pas arrêté ? Parce que c’est un élu ?

C’est le genre de système que vous voulez ? Un système à deux vitesses, qui protège les parlementa­ires ?

RISQUE DE DÉRAILLEME­NT

5) On dit que l’enquête Mâchurer sur Jean Charest et Marc Bibeau piétine.

Mais qu’est-ce qu’on en sait ? Peutêtre qu’elle avance… Amasser des preuves contre un ancien premier ministre prend peut-être du temps, plus de temps qu’il n’en faut pour amasser des preuves contre une ex-vice-première ministre. Je ne le sais pas, je pose la question. 6) Autre question à la population : si en laissant filtrer des informatio­ns sensibles sur l’enquête Mâchurer, un député libéral faisait par mégarde dérailler cette enquête, seriez-vous content ?

L’applaudiri­ez-vous ? Diriez-vous qu’il a fait du bon boulot ?

7) Se pourrait-il que l’UPAC veuille colmater les fuites afin, justement, de protéger son enquête et empêcher qu’elle ne déraille et ne fonce dans le mur ? Là encore, je pose la question. Il y a une différence entre une fuite organisée sciemment par l’UPAC pour faire avancer une enquête et une fuite organisée par quelqu’un qui ne fait pas partie de l’UPAC.

LA TÊTE FROIDE

8) En démocratie, il faut garder la tête froide et faire preuve de sens critique.

Pourquoi devrait-on croire aveuglémen­t Guy Ouellette (qui, je le rappelle, n’a rien dit dans sa courte déclaratio­n en chambre) et condamner tout aussi aveuglémen­t l’UPAC ?

Attendons voir, des accusation­s seront peut-être bientôt portées par le DPCP… Nous en saurons alors davantage.

Et nous pourrons pointer du doigt certaines personnes en toute connaissan­ce de cause.

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