Le Journal de Montreal

Il frappe un élève de 10 ans

Un enseignant en éducation physique est reconnu coupable de voies de fait

- MICHAËL NGUYEN

Un professeur d’éducation physique qui avait mal pris l’insolence d’un élève de 10 ans a été reconnu coupable de l’avoir maltraité dans un bureau.

« Je suis encore plus fou que toi », avait dit Mohammed Abdellaoui à un élève avant de commettre des voies de fait sur le petit, relate le juge David Simon, dans son jugement rendu en octobre.

La scène est survenue en janvier dernier, dans une école primaire de l’arrondisse­ment Ahuntsic-Cartiervil­le, à Montréal, lors d’une partie de ballon-chasseur dans un cours d’éducation physique.

ÉLÈVE TURBULENT

Comme il s’agit d’un enfant, son identité est protégée par le tribunal.

« [L’enfant] estime que les points affichés ne reflètent pas la physionomi­e de la partie, explique le juge. L’accusé aurait injustemen­t octroyé un point à l’équipe adverse. Le cours terminé [l’enfant] décide de modifier le pointage sur le panneau d’affichage. »

Le geste de l’élève ne plaît à l’enseignant de 48 ans, qui lui impose une punition sous forme de rédaction. L’enfant commence à rédiger, mais il continue d’être turbulent. Lorsqu’il voit un élève ouvrir une porte avec sa tête, il fait de même. Et quand il voit que son crayon est défectueux, il se plaint à trois reprises à Abdellaoui.

PAR LE COU

Comme l’enseignant veut quand même que l’enfant continue sa punition, ce dernier chiffonne la feuille. Mécontent, Abdellaoui saisit l’élève et l’amène dans son bureau où il devient violent.

« Il prend [l’enfant] par le cou avec ses mains et le serre pendant deux secondes, rappelle le juge, qui a retenu le témoignage de la jeune victime. Les pieds [de l’enfant] sont décollés du sol. De façon simultanée, l’accusé retire ses mains du cou [de l’enfant] et le projette légèrement vers l’arrière. »

L’accusé reproduit le geste, mais quand il ressaisit l’élève par le cou, ce dernier réussit à le repousser.

« [L’enfant] retombe au sol sur ses fesses et lâche la feuille de punition. Il a peur. Il recule vers le fond du bureau tout en restant au sol. »

Les marques sur le cou de la victime étaient assez visibles pour qu’une enseignant­e les remarque. Une directrice adjointe a vite rencontré le petit.

« Lorsqu’il arrive dans le bureau, il a le visage entièremen­t rouge et les yeux bouffis, écrit le juge dans sa décision. Des larmes sont visibles. Son débit est saccadé. Il lui raconte les événements. Elle voit de la peur dans son visage. »

La directrice adjointe a constaté des marques rouges sur le cou de l’enfant. Le petit est emmené à l’hôpital.

INCOHÉRENC­ES

Lors du procès, Abdellaoui avait nié toute forme de violence, mais ses incohérenc­es ont fait en sorte que le juge ne l’a pas cru. Le petit, de son côté, n’était pas animé par la vengeance ou la rancune, a noté le magistrat.

Abdellaoui reviendra à la cour en mars, pour les plaidoirie­s sur la peine à lui imposer.

Contactée par Le Journal, la Commission scolaire de Montréal a expliqué qu’Abdellaoui est toujours enseignant, mais qu’il n’est pas en contact avec des élèves. La CSDM n’a pas indiqué à quelles tâches il est affecté.

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