Le Journal de Montreal

Qui police la police ?

- JOSÉE LEGAULT Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Le déluge de contradict­ions et de demi-vérités auquel les Québécois assistent depuis l’arrestatio­n du député libéral Guy Ouellette par l’UPAC est sidérant. Le combat de titans qui en résulte entre l’UPAC et l’Assemblée nationale est plus inquiétant encore.

Entre Guy Ouellette et Robert Lafrenière, patron de l’UPAC, qui dit vrai ? Bien au-delà de cette énigme, il reste surtout un fait troublant. En arrêtant M. Ouellette sans porter d’accusation, l’UPAC vient de neutralise­r celui qui présidait la commission des institutio­ns chargée d’étudier le projet de loi 107 élargissan­t les pouvoirs de l’UPAC.

CONTREPOID­S ESSENTIEL

La crise politique étant réelle, Philippe Couillard ouvre enfin la porte à la création possible d’un comité de surveillan­ce visant à rendre l’UPAC plus imputable. Une bonne chose. Si, bien entendu, il le fait.

Je dis « si » parce que, depuis la création de l’UPAC en 2011, ni Jean Charest ni Philippe Couillard ne l’ont fait. Même le projet de loi 107 n’en fait pas mention. Déjà que la nomination du patron de l’UPAC est laissée au bon vouloir du premier ministre. Avant l’affaire Ouellette, il n’était pas question non plus de soumettre l’UPAC à un organisme de surveillan­ce.

Dans un tel contexte, la sacro-sainte « séparation des pouvoirs » est illusoire. Créer un mécanisme indépendan­t chargé de surveiller l’UPAC est pourtant essentiel pour assurer un contrepoid­s efficace au pouvoir policier.

REPAIRE D’« AMIS »

M. Couillard devrait le savoir. En 2010, sous la présidence de feu son ami Arthur Porter, il fut lui-même nommé membre du comité indépendan­t chargé de « surveiller » les opérations du Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS). Or, à cette même époque, sous Stephen Harper, ce comité était devenu un repaire pour « amis » du régime conservate­ur.

Les élus de l’Assemblée nationale seraient sages de se le rappeler. Question de voir à bien protéger l’indépendan­ce d’un éventuel comité de surveillan­ce de l’UPAC. Du moins, s’il existe un jour…

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