Qui police la police ?
Le déluge de contradictions et de demi-vérités auquel les Québécois assistent depuis l’arrestation du député libéral Guy Ouellette par l’UPAC est sidérant. Le combat de titans qui en résulte entre l’UPAC et l’Assemblée nationale est plus inquiétant encore.
Entre Guy Ouellette et Robert Lafrenière, patron de l’UPAC, qui dit vrai ? Bien au-delà de cette énigme, il reste surtout un fait troublant. En arrêtant M. Ouellette sans porter d’accusation, l’UPAC vient de neutraliser celui qui présidait la commission des institutions chargée d’étudier le projet de loi 107 élargissant les pouvoirs de l’UPAC.
CONTREPOIDS ESSENTIEL
La crise politique étant réelle, Philippe Couillard ouvre enfin la porte à la création possible d’un comité de surveillance visant à rendre l’UPAC plus imputable. Une bonne chose. Si, bien entendu, il le fait.
Je dis « si » parce que, depuis la création de l’UPAC en 2011, ni Jean Charest ni Philippe Couillard ne l’ont fait. Même le projet de loi 107 n’en fait pas mention. Déjà que la nomination du patron de l’UPAC est laissée au bon vouloir du premier ministre. Avant l’affaire Ouellette, il n’était pas question non plus de soumettre l’UPAC à un organisme de surveillance.
Dans un tel contexte, la sacro-sainte « séparation des pouvoirs » est illusoire. Créer un mécanisme indépendant chargé de surveiller l’UPAC est pourtant essentiel pour assurer un contrepoids efficace au pouvoir policier.
REPAIRE D’« AMIS »
M. Couillard devrait le savoir. En 2010, sous la présidence de feu son ami Arthur Porter, il fut lui-même nommé membre du comité indépendant chargé de « surveiller » les opérations du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). Or, à cette même époque, sous Stephen Harper, ce comité était devenu un repaire pour « amis » du régime conservateur.
Les élus de l’Assemblée nationale seraient sages de se le rappeler. Question de voir à bien protéger l’indépendance d’un éventuel comité de surveillance de l’UPAC. Du moins, s’il existe un jour…