Peter Simons s’allie à Amir Khadir
Ils dénoncent l’iniquité fiscale au profit des entreprises numériques étrangères
Le grand patron des magasins Simons s’est présenté aux côtés d’Amir Khadir hier pour demander au gouvernement Couillard de percevoir les taxes et impôts des géants numériques présents au Québec.
« C’est peut-être une curiosité savoureuse de savoir que quelqu’un qui critique beaucoup le capitalisme soit avec des gens qu’on associe au capitalisme », a reconnu le député de Québec solidaire au moment de présenter son projet de loi 997.
Celui-ci prévoit que les entreprises étrangères, telles Netflix et Amazon, seraient obligées de prélever les taxes sur les achats de leurs clients, en plus de payer l’impôt lié à leurs activités au Québec. Le projet de loi vise notamment les émetteurs de cartes de crédit, qui deviendraient responsables de prélever la TPS et la TVQ lorsque les entreprises ne se soumettent pas à la loi.
En plus de Peter Simons, Amir Khadir était accompagné de la fiscaliste Marwah Rizqy et du PDG du Conseil québécois du commerce de détail, Léopold Turgeon.
FRONT COMMUN
Si l’homme d’affaires et le pourfendeur du capitalisme ont accepté de s’allier, c’est parce que l’avantage fiscal dont jouissent les géants du web nuit aux finances publiques.
« L’assiette fiscale est tellement mise à mal par le commerce électronique que nos services sont menacés, estime Amir Khadir. Si on ne fait rien, nos commerçants et nos commerçantes vont tomber aux mains des géants du numérique et on va complètement assécher la source du financement de nos services publics. »
« Donc, moi, ce capitalisme-là, je suis capable de travailler avec », ajoute-t-il.
COMPÉTITIVITÉ
Pour sa part, Peter Simons demande au gouvernement Couillard d’imposer les mêmes règles fiscales à l’ensemble des entreprises.
« Vous ne pouvez pas me demander, comme entrepreneur, de compétitionner contre des grands de l’industrie mondiale – parce qu’on est dans un contexte global, aujourd’hui – avec un désavantage, au minimum, de 30 % », souligne-t-il.
D’ailleurs, « un investissement important » en robotique serait en péril à la Maison Simons en raison des pertes de revenus liées au commerce en ligne. « Donc, l’impact est important », dit Peter Simons.
« JUSTICE FISCALE »
Si les projets de loi des partis d’opposition sont rarement appelés, Amir Khadir propose au ministre des Finances d’y ajouter son nom. « On met le nom de n’importe quel autre parti qui veut, ensemble, qu’on ait un projet de loi qui rétablisse cette justice fiscale », dit-il.
Bien que le projet de loi soit en gestation depuis un an, son dépôt survient dans la foulée de l’entente entre Ottawa et Netflix, qui ne prévoit pas d’obligation pour le géant américain d’imposer la TPS et la TVQ sur ses abonnements.