Le Journal de Montreal

LA « BONJOVISAT­ION » DE WEEZER

Le groupe américain lance un album qui risque de sombrer dans l’oubli

- Cédric Bélanger

Voilà le genre d’indice qui ne ment pas. Cinq jours après sa sortie, le nouvel album de Weezer a déjà disparu du top 30 des meilleurs vendeurs sur iTunes. Avec Pacific Daydream, serait-on en train d’assister à la « BonJovisat­ion » de la bande de Rivers Cuomo ?

« BonJoviser » ? Oui, comme dans ces stars du rock qui demeurent des valeurs sûres en concert, mais dont les nouvelles parutions ne soulèvent guère d’enthousias­me, quand elles ne passent pas carrément dans le beurre.

Comme si, à l’instar de Bon Jovi depuis presque vingt ans, le robinet de la créativité avait cessé de couler à un moment donné.

On remarque d’ailleurs que les groupes atteints de ce syndrome tendent à ignorer leurs nouveautés en show au profit d’une sélection de leurs plus grands succès.

Après quelques écoutes du décevant Pacific Daydream, c’est le sort qui semble guetter Weezer. Pas étonnant d’ailleurs que seules deux nouvelles chansons se mêlent aux classiques du groupe, dont huit du Blue Album, lors des concerts des dernières semaines en Europe.

Le quatuor californie­n venait pourtant de connaître un soubresaut d’inspiratio­n. Après une décennie constituée de beaucoup plus de bas que de hauts, Weezer avait frappé dans le mille avec Everything Will Be Alright in the End, en 2014. Le White Album, paru l’an dernier, n’avait pas déçu non plus.

POP LISSE

Et puis arrive Pacific Daydream, une sélection de dix chansons pop qui s’enchaînent machinalem­ent les unes dans les autres. Certes, la production est de qualité, mais elle n’a rien d’excitant. C’est lisse comme une feuille de papier.

Le mot clef ici est pop. On sent que Weezer a cherché à se mettre au goût du jour en adaptant sa musique aux standards radiophoni­ques du moment. C’est flagrant sur le single Feels Like Summer, qui reprend tous les codes de la pop actuelle. Malheureus­ement, sans leur injecter la touche Weezer.

Les guitares abrasives, le sentiment d’urgence, la folie juvénile, bref, tout ce qui faisait la force du quatuor a malheureus­ement été mis au placard.

Les autres singles, Happy Hour et Weekend Woman, tirent mieux leur épingle du jeu, tout comme QB Blitz, mais ça reste mince.

Peut-être que Pacific Daydream n’est qu’un pas de côté. C’est à souhaiter. Car Weezer prévoit de poursuivre son exploratio­n de la palette des couleurs en lançant son Black Album, quelque part en 2018.

Et au pire, on réécoutera le Blue Album, Pinkerton et le Green Album.

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