L’escalade en pleine ascension
L’escalade fera une entrée timide aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo avec une délégation mondiale de 20 athlètes féminins et 20 athlètes masculins. L’épreuve sélectionnée ? Le combiné. Alors que le Championnat panaméricain junior d’escalade se déroule cette semaine à Montréal, on s’est entretenu sur cette nouvelle discipline olympique.
« Le combiné s’avère être un compromis », reconnaît Maria Izquierdo, directrice des opérations à Horizon Roc. Impliquée dans le milieu depuis plus de 20 ans, puis plus sérieusement dans les 10 dernières années au sein de la Fédération internationale d’escalade, du Conseil Pan Américain et d’Escalade Canada, Maria Izquierdo est assise aux premières loges de l’évolution de l’escalade sportive.
L’ÉVOLUTION DE L’ESCALADE
En 1994, un premier centre d’escalade intérieur, Horizon Roc, ouvrait ses portes à Montréal. Jusqu’alors, on ne retrouvait que quelques salles d’entraînement où les grimpeurs sérieux développaient leur art en attendant leur prochaine expédition sur parois. « L’escalade sur structure artificielle (par rapport à la structure naturelle ou sur roche) n’était pas encore un sport ni même un loisir, explique la directrice d’Horizon Roc. Cette idée d’accessibilité était toute nouvelle alors que l’escalade était perçue comme une activité extrême. »
Vingt ans plus tard, le Québec compte le plus grand nombre de centres intérieurs d’escalade par habitant au monde. La majorité des grimpeurs québécois ne s’agripperont jamais contre du roc, préférant se mettre aux défis sur des parois artificielles classées selon leur degré de difficulté.
Autre nouveauté du millénaire : la discipline du bloc, qui rallie les amateurs de grimpe charmés par la puissance de l’effort et la liberté de mouvement.
Sur un mur d’une hauteur de quatre mètres, sans cordage, ils parcourent les prises à la recherche de la séquence de mouvements parfaite. On compare la popularité de la discipline à celle du CrossFit.
POURQUOI LE COMBINÉ ?
L’escalade de voie – ou l’épreuve de difficulté – est sans contredit la discipline qui respecte le plus l’essence de l’escalade : une paroi à gravir et un parcours à choisir. Limitée à une seule discipline olympique, la Fédération internationale d’escalade a conséquemment décidé de présenter cette épreuve au comité olympique.
« Celui-ci a toutefois assisté à une épreuve de vitesse, et il a voulu voir cette discipline spectaculaire dans notre présentation, explique Maria Izquierdo. On a donc opté pour un combiné, afin que toutes les disciplines y soient (difficulté, vitesse et bloc), même si on est conscient que cela ne fait pas l’unanimité. »
Surfer sur la popularité du bloc, satisfaire les attentes des spectateurs et plaire aux puristes du sport : tout un programme pour une seule discipline !
POLYVALENCE AVANT SPÉCIALITÉ
« Je ne suis pas la meilleure au bloc, je ne suis pas la meilleure en vitesse et je ne suis pas la meilleure en difficulté, mais je suis assez bonne dans tout ça », dit Babette Roy. L’adolescente de 15 ans est la championne à l’échelle nationale au combiné.
« Ça tombe bien que ce soit la discipline olympique », ajoute-t-elle.
Le jeune espoir canadien représente bien le genre d’olympiens recherchés : des athlètes polyvalents et performants.
« Cela ne fait pas l’affaire des athlètes spécialistes, bien entendu, dit Maria Izquierdo. Mais cela rejoint bien nos valeurs prônées par le développement sportif long terme de l’athlète où la spécialisation hâtive n’est jamais encouragée. »
Un compromis de bon augure, en somme. Que le combiné devienne l’épreuve officielle olympique n’enlève rien aux autres disciplines, selon Maria Izquierdo. « Au triathlon, on a une distance olympique, mais on a aussi des épreuves variées sur des circuits internationaux. »
Entre-temps, des athlètes comme Babette Roy aspirent à performer dans toutes les épreuves d’escalade. La somme d’entraînement est colossale, les sacrifices, tout autant.
« Je dédie tous mes efforts vers cet objectif », dit l’athlète junior. Elle progresse, prise par prise, vers le sommet de ses capacités qui, elle l’espère, la mènera tout droit aux Olympiques.