Le Journal de Montreal

Les députés dirigés vers la VG ou la police pour dénoncer des irrégulari­tés touchant l’AMF

- KATHRYNE LAMONTAGNE ET ROBERT PLOUFFE

QUÉBEC | Le premier ministre Philippe Couillard invite les députés qui craignent de dévoiler publiqueme­nt les irrégulari­tés touchant l’Autorité des marchés financiers à s’adresser à la vérificatr­ice générale ou aux autorités policières.

Sous le couvert de l’anonymat, trois parlementa­ires ont confié à Cogeco Nouvelles avoir été informés d’anomalies concernant le processus d’accréditat­ion d’entreprise­s par l’AMF. Deux d’entre eux refuseraie­nt de déballer l’affaire publiqueme­nt, par peur d’être pris en filature ou arrêtés par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC), selon le 98,5 FM.

Le libéral Pierre-Michel Auger a confirmé à notre Bureau d’enquête avoir rencontré un entreprene­ur qui se plaignait d’avoir perdu sa certificat­ion de l’AMF. Ce faisant, il ne peut obtenir de contrats de l’État. « L’entreprene­ur voulait savoir pourquoi il l’avait perdue, explique le député de Champlain, qui nie craindre l’UPAC. Je n’ai peur de personne, moi. »

Selon le député Auger, les récrimina- tions de l’entreprene­ur rencontré ne concernaie­nt pas précisémen­t le travail de l’AMF, mais la perte de l’accréditat­ion et ses effets sur son entreprise. Il lui a conseillé de faire affaire avec un avocat. « 150 emplois sont en jeu. J’ai fait des démarches comme tout bon député pour savoir pourquoi ils avaient perdu leur certificat­ion », a-t-il précisé.

NE PAS CRAINDRE

« Il ne faut pas craindre », a réagi le premier ministre à la sortie du caucus libéral. « Toute personne, député ou non, détenant une informatio­n susceptibl­e d’éclairer les autorités se doit de la présenter aux autorités concernées, soit la vérificatr­ice générale, soit les corps policiers, c’est clair », a statué plus tard le premier ministre lors de la période de questions. Cependant, la VG ne peut entreprend­re son travail pour le moment, a appris notre Bureau d’enquête (voir autre texte).

La VG a été mandatée lundi pour enquêter sur les allégation­s de la sonneuse d’alarme Annie Trudel, qui prétend que l’UPAC et l’AMF auraient mis en place un stratagème qui forcerait des entreprise­s à recourir à un cabinet de consultant­s et débourser d’importante­s sommes d’argent pour favoriser leur accréditat­ion. Guy Ouellette aurait été arrêté pour ne pas qu’il révèle ces informatio­ns, soutient Mme Trudel.

L’UPAC et l’AMF démentent ces informatio­ns. L’AMF reconnaît cependant l’existence d’un « marché d’accompagne­ment » des entreprise­s. Bien que l’AMF n’oblige pas un tel recours, elle concède que, dans certains cas, elle peut exiger l’interventi­on d’un « tiers indépendan­t » pour « donner une perspectiv­e ».

Elle allègue que plus d’une trentaine d’agences guideraien­t des sociétés privées dans leur processus d’accréditat­ion, chargeant parfois des honoraires très élevés.

COMMISSION PARLEMENTA­IRE

Les partis d’opposition ont invité hier les députés qui ont été informés de ces irrégulari­tés à parler en toute liberté.

La Coalition avenir Québec et le Parti québécois réclament depuis le début de cette affaire une commission parlementa­ire. La propositio­n a été rejetée mercredi par le premier ministre Philippe Couillard.

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