Le Journal de Montreal

Un chauffard ira en prison les week-ends

La victime a pardonné à l’accusé malgré ses séquelles

- MICHAËL NGUYEN

Un chauffard qui a grièvement blessé un automobili­ste en roulant jusqu’à trois fois la limite de vitesse permise en état d’ébriété s’en est néanmoins sorti avec une courte peine de prison à purger les fins de semaine.

« Jean-Philippe Fournier ira en prison, même s’il ne représente aucun danger pour la société », a expliqué la juge Lori Renée Weitzman avant de condamner le chauffard à 90 jours d’incarcérat­ion au palais de justice de Montréal.

Fournier, 26 ans, avait causé une violente collision à Montréal, le 19 septembre 2015. Ce jour-là, il venait de perdre son emploi. En soirée, il avait bu de l’alcool et s’était disputé avec un homme qui l’avait frappé au visage.

Mais plutôt que de rentrer chez lui en taxi ou en transports en commun, il a décidé de prendre le volant. Il roulait entre 100 et 150 km/h dans une zone de 50 km/h, lorsqu’il a percuté le véhicule d’un homme qui effectuait un virage.

« Lors de l’impact, le véhicule de M. Fournier tourne sur lui-même, alors que celui de la victime est projeté à environ 30 mètres du lieu de l’impact », explique la magistrate dans son récent jugement.

Son alcoolémie se situait entre 152 mg et 156 mg d’alcool par 100 ml de sang, alors que la limite permise est de 80 mg.

SÉQUELLES

La victime de Fournier a subi de nombreuses blessures, dont certaines lui ont causé des dommages permanents. Deux ans après la collision, l’homme de 52 ans a des difficulté­s à rester assis ou debout pendant de longues périodes. Il ne peut plus soulever d’objets de plus de 10 kg.

Et une fois son arrêt de travail terminé, il sait qu’il devra changer d’emploi. Il doit continuer des traitement­s, mais il a déjà dépensé tout ce que la SAAQ lui avait octroyé.

« Malgré toutes ces conséquenc­es physiques causées par ce crime, dont certaines permanente­s, [la victime] ne retient pas de rancoeur à l’égard de M. Fournier, et lui pardonne », note toutefois la juge.

REGRETS

L’accusé, de son côté, a réussi à convaincre la juge de ses regrets. Il assume entièremen­t son geste, et il avait même pris toutes les dispositio­ns nécessaire­s en prévision d’une longue peine d’incarcérat­ion, a noté la magistrate.

Le rapport prépénal indique d’ailleurs que la responsabi­lisation et la conscienti­sation de Fournier « ne font aucun doute ». Il a d’ailleurs complèteme­nt arrêté de boire.

« Le risque de récidive est faible, sinon inexistant » , peut- on lire dans le jugement.

En plus de l’incarcérat­ion les fins de semaine, Fournier devra effectuer 240 heures de travaux communauta­ires, idéalement liés à des programmes de conscienti­sation des conséquenc­es de la conduite en état d’ébriété.

Enfin, il devra respecter une probation de deux ans pendant laquelle il ne pourra pas conduire, et verser 3000 $ à sa victime pour les traitement­s de physiothér­apie.

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