Le Journal de Montreal

56 ANS D’ATTENTE MAIS BONS POUR LONGTEMPS

Les Astros de Houston auront mis 56 ans à remporter la Série mondiale. Les Mets de New York, leurs cousins de l’expansion de 1962, avaient surpris le monde du baseball en triomphant à leur huitième saison.

- MARC DE FOY marc.defoy@quebecorme­dia.com

Les Mets l’avaient emporté en 1969, la première année des Expos. À leurs sept premières campagnes, ils n’avaient jamais terminé plus haut que neuvièmes dans un classement qui regroupait les 10 équipes du circuit et remporté plus de 71 victoires.

À leur première saison, ils avaient subi 120 défaites au grand dam de leur gérant Casey Stengel, qui avait gagné durant ses 12 ans à la barre des Yankees 10 championna­ts de la Ligue américaine et sept séries mondiales.

TOUT UN PERSONNAGE !

Réputé pour son sens de la répartie, Stengel demanda un jour aux joueurs des Mets s’il y en avait parmi eux qui savaient jouer au baseball.

Il était comme ça, le vieux Casey. Il disait tout ce qui lui passait par la tête, les beaux jours comme les mauvais. À l’instar de son receveur Yogi Berra, il lui arrivait de faire des déclaratio­ns bizarres. Comme celleci : « Ne faites jamais de prédiction­s, surtout en ce qui concerne l’avenir. »

Les Mets misaient sur un bon personnel de lanceurs en 1969 avec Tom Seaver, Jerry Koosman, Gary Gentry, Tug McGraw et un certain Nolan Ryan, qui en était à ses débuts dans les ligues majeures. Mais personne ne les avait vus vraiment venir cette année- là. D’où leur surnom des Miracle Mets.

UN JOURNALIST­E QUI A VU JUSTE

Dans le cas des Astros, on savait depuis quelques années qu’ils approchaie­nt du sommet. Il restait à savoir quand ils y arriveraie­nt. Mais un journalist­e du Sports Illustrate­d avait prédit il y a trois ans que 2017 serait leur année. Comme quoi, contrairem­ent à ce que disait Stengel, on peut prédire l’avenir.

L’homme en question, Ben Reiter, est très demandé depuis la victoire des Astros aux dépens des Dodgers de Los Angeles. Le Business Insider lui a parlé hier.

Les Astros étaient la risée de tout le monde lorsque Reiter s’est intéressé à leur cas il y a trois ans. Ils venaient de connaître trois saisons consécutiv­es de 105 défaites et plus, dont un sommet de 111 en 2013. On se moquait d’eux jusque dans les

talk- shows de fin de soirée et les quiz. En 2014, l’idée vient à Reiter de réaliser un reportage sur le mode de fonctionne­ment d’une équipe du baseball majeur à l’ère des statistiqu­es avancées. Il demande et obtient l’autorisati­on des Astros d’assister au repêchage amateur, qui se fait par téléconfér­ence, aux côtés des membres du secteur des opérations baseball de l’équipe.

L’équipe commence à montrer des signes d’améliorati­on sur le terrain. Son dossier est de 36- 48 au moment du repêchage en juin. Les jeunes repêchés antérieure­ment progressen­t.

RIRA BIEN...

Reiter fait ses devoirs et il pond un texte prédisant que les Astros remportero­nt la Série mondiale en 2017. Au début, son reportage ne devait pas faire la une du Sports Illustrate­d. Mais pour une raison ou une autre, le comité rédactionn­el de la revue juge que c’est de la matière pour une première page.

Le journalist­e n’est pas d’accord. Il estime que c’est ridicule. Il faut dire que c’était osé. Reiter entendait déjà peut-être les railleries de ses confrères et des amateurs. La une est agrémentée d’une photo du voltigeur George Springer, que les Astros ont pris au 11e choix du repêchage de 2011.

Sans grande surprise, les Astros ont terminé la saison 2014 avant-derniers dans la division Ouest de la Ligue

américaine, où ils avaient été transférés en 2013, avec une fiche de 70-92 et à 28 matchs des meneurs.

Mais dès la saison suivante, ils font un bond jusqu’au deuxième rang de leur division (fiche de 86-76) et défont les Yankees dans le match visant à déterminer le quatrième as dans la Ligue américaine. Ils poussent les Royals de Kansas City, champions de la division Centrale et éventuels vainqueurs de la Série mondiale, à la limite de cinq matchs en série de division.

L’année suivante (2016), ils font un pas en arrière, glissant en troisième position avec 11 matchs de recul sur les Rangers du Texas.

Ce n’est que partie remise. 2017 sera leur année.

Premiers de leur division avec une priorité de 21 matchs sur les Angels de Los Angeles, ils écartent les Red Sox de Boston en quatre matchs en série de division avant de vaincre les Yankees en série de championna­t de la Ligue américaine et les Dodgers de Angeles en Série mondiale, dans des affronteme­nts de sept rencontres.

Et qui a été nommé le joueur par excellence de la Série mondiale ? George Springer ! Reiter doit rire dans sa barbe.

BEL AVENIR

Gagner un championna­t n’est jamais facile. C’est encore plus difficile avec les règles d’aujourd’hui. Les Astros n’ont pas fait les choses avec les autres. Dans un sport où on dit que les lanceurs et la défense font la différence, ils ont gagné avec l’attaque. Ils possèdent les éléments pour être compétitif­s pendant une longue période. Bon nombre de leurs meilleurs joueurs sont jeunes et ne coûtent pas une fortune pour le moment.

Ils figuraient en milieu de peloton au chapitre de la masse salariale cette année avec un total supérieur à 149,9 millions, ce qui se situait à trois millions sous la moyenne des 30 équipes des majeures.

Le petit Jose Altuve, qu’ils ont acquis sur le marché des joueurs autonomes internatio­naux à l’âge de 17 ans en 2007, détient un contrat de quatre ans d’une valeur de 12 M$ avec droits d’option à l’équipe pour les deux prochaines années. Le Vénézuélie­n de cinq pieds six pouces a remporté le championna­t des frappeurs de la Ligue américaine trois fois au cours des quatre dernières années en plus de remporter deux Gants dorés au poste de deuxième but.

Le joueur d’arrêt-court Carlos Correa, premier choix de la cuvée du repêchage de 2012, qui a touché un salaire de 535 000 $ cette année, ne sera admissible à l’arbitrage qu’en 2019 et à l’autonomie complète en 2022. Le troisième-but et deuxième choix du repêchage de 2015, Alex Bregman, qui a empoché 539 400 $, ne sera pas admissible à l’arbitrage avant 2020. Le lanceur Dallas Keuchel est un choix de septième ronde (221e en 2009)

Le directeur général Jeff Luhnow, qui est en poste depuis 2012, a acquis d’autres bons joueurs par l’entremise de transactio­ns ou sur le marché des joueurs autonomes. À la fin du mois d’août, il a obtenu le lanceur Justin Verlander, futur membre du Temple de la renommée du baseball.

L’acquisitio­n du vétéran receveur Brian McCann, devenu disponible avec l’émergence de Gary Sanchez chez les Yankees de New York, est un autre bon coup de sa part.

En terminant, Business Insider a demandé à Reiter d’y aller d’une prédiction pour la Série mondiale de 2020. Les partisans des Red Sox de Boston seront déçus d’apprendre qu’il a choisi les Yankees.

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