Le Journal de Montreal

Un ancien Hells Angel criblé de balles à sa sortie du travail

Même s’il n’avait pas eu affaire à la justice depuis 2013, il n’était pas hors de la mire des policiers

- FRÉDÉRIQUE GIGUÈRE — Avec la collaborat­ion d’Andrea Valeria

Un ancien membre en règle des Hells Angels qui faisait toujours l’objet d’une certaine surveillan­ce policière a été assassiné tôt hier à la sortie de son travail à Montréal. Le crime a toutes les apparences d’un règlement de compte.

Vincent Lamer, un père de famille de 48 ans, a été criblé de balles alors qu’il était à bord de son véhicule peu après minuit. Il se trouvait toujours dans le stationnem­ent de Ressorts-Universel, une compagnie de la 55e Avenue, à Rivièredes-Prairies, qui se spécialise dans l’entretien de remorques. La victime avait été embauchée le mois dernier pour rapporter les poids lourds aux clients après les réparation­s.

Agonisant à l’arrivée des services d’urgence, Lamer a été conduit à l’hôpital. Il a rendu l’âme peu de temps après.

SIGNATURE CLASSIQUE

Deux heures après son meurtre, une Chrysler 300 rapportée volée a été retrouvée calcinée à une vingtaine de kilomètres plus loin, soit à l’angle de l’avenue Henri-Julien et de la rue Beaubien Est, dans Rosemont.

Il pourrait s’agir du véhicule utilisé par le tueur. Chose certaine, cet incendie n’est pas sans rappeler la signature classique des motards.

Pour l’instant, il n’y a eu aucune arrestatio­n dans ce dossier.

Même s’il avait quitté les Hells Angels en 2000 et que sa dernière arrestatio­n remontait à 2012, Lamer n’était pas complèteme­nt sorti de la mire de la Sûreté du Québec, selon nos informatio­ns.

L’ancien membre « full patch » des défunts Rockers, un club-école des Hells, avait été arrêté dans l’opération Printemps 2001. L’importante frappe policière avait mis fin à la sanglante guerre des motards qui avait fait plus de 160 morts.

La victime avait notamment passé un bon moment à la tête d’un important réseau de trafic de drogue qui opérait principale­ment sur l’île de Montréal.

Après s’être reconnu coupable de complot pour meurtre, de trafic de drogue et de gangstéris­me, Lamer avait écopé d’une sentence de 10 ans et demi.

En raison de sa « conduite exceptionn­elle » en prison, on l’avait libéré en octobre 2008. Il avait alors réussi à convaincre la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) qu’il n’avait plus d’intérêt pour le monde criminel.

Il avait toutefois quitté les Hells en bons termes quelques mois avant son arrestatio­n. Sa conjointe était alors tombée enceinte.

DEUXIÈME ENFANT

Environ sept ans plus tard, alors que Lamer était toujours derrière les barreaux, le couple a conçu un autre enfant.

En 2012, il a été arrêté dans l’opération Loquace, qui visait un important consortium impliqué dans l’importatio­n, le transport et le trafic de drogue au Québec et en Ontario.

Vincent Lamer avait été déclaré coupable d’une accusation de com- plot et avait écopé de 12 mois de prison.

L’un des motifs qui pourraient être étudiés par les enquêteurs de la police de Montréal est celui d’une dette dans le milieu criminel.

Selon les documents consultés par Le Journal, Vincent Lamer et sa conjointe ont rencontré des ennuis financiers au cours des dernières années.

Le couple a lancé quelques entreprise­s, notamment dans le milieu du camionnage et de l’excavation, depuis 2008. Toutefois, elles n’ont pas toutes eu le succès escompté.

Vincent Lamer a notamment déclaré faillite en 2015 puisqu’il devait près de 550 000 $ au fisc. L’année suivante, Revenu Québec et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ont pris en garantie la maison du couple, située à Terrebonne, qui est au nom de la conjointe de la victime, puisqu’elle leur devait de l’argent.

Jointe hier au téléphone, cette dernière a préféré ne pas émettre de commentair­es.

 ?? PHOTOS AGENCE QMI, MAXIME DELAND ET TIRÉE DE FACEBOOK ?? Les experts du Laboratoir­e de sciences judiciaire­s et de médecine légale (LSJML) ont passé quelques heures sur la scène de crime afin de récolter les preuves nécessaire­s. En mortaise, Vincent Lamer, 48 ans, a souvent eu affaire à la justice.
PHOTOS AGENCE QMI, MAXIME DELAND ET TIRÉE DE FACEBOOK Les experts du Laboratoir­e de sciences judiciaire­s et de médecine légale (LSJML) ont passé quelques heures sur la scène de crime afin de récolter les preuves nécessaire­s. En mortaise, Vincent Lamer, 48 ans, a souvent eu affaire à la justice.
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