Le Journal de Montreal

Un vent de changement

- JOSÉE LEGAULT

Pour son 375e, une première femme, Valérie Plante, est élue à la mairie de Montréal. Il en aura fallu du temps. À travers le Québec, plusieurs femmes ont aussi accédé au poste de mairesse. Des boys clubs qu’on croyait incrustés à jamais sont enfin disparus du radar.

En politique municipale, cette vague rose est sans précédent. Espérons qu’elle ouvrira le chemin à une représenta­tion plus équitable des femmes en politique québécoise. Du moins, on peut toujours rêver.

De fait, pour que la présence des femmes marque une véritable différence dans les politiques publiques, l’exception ne suffit pas. Faire sauter un plafond de verre est essentiel, mais sans une masse critique de femmes à tous les échelons du pouvoir, l’exception reste l’exception.

Sur un tout autre terrain, la vague rose du #moiaussi, témoigne d’ailleurs puissammen­t de la force du nombre. C’est par cette première force du nombre que les élections municipale­s de 2017 sont historique­s.

VAGUE ROSE

Elles le sont aussi parce qu’elles confirment le besoin pressant d’ouvrir les fenêtres d’une scène politique étouffante et morose. Le mot « changement » reprend du galon. Encore faut-il savoir de quel « changement » il s’agit.

Valérie Plante promet un changement basé sur une écoute plus attentive des citoyens. Si elle tient parole, après Denis Coderre, on parlera d’un changement positif. Car l’« arrogance » qu’on a tant reprochée à l’ex-maire de Montréal était en fait son manque troublant d’écoute.

Prenons le fiasco de la Formule E. Son long refus de donner les « vrais chiffres » sur la vente anémique de billets était choquant. Le vrai problème résidait toutefois dans son rejet cavalier des doléances fondées de nombreux Montréalai­s durement affectés par ce festival du vroum-vroum planté en plein centre-ville par des promoteurs trop influents.

Zéro écoute, ça coûte cher dans l’isoloir. En cela, la victoire de Valérie Plante sert un sérieux avertissem­ent à toute la classe politique. À moins d’un an des élections québécoise­s, les Couillard, Lisée et Legault en ont tous de lourdes leçons à tirer.

BULLE OPAQUE

Faisant partie des meubles politiques depuis longtemps, ces trois chefs souffrent eux aussi, quoiqu’à des degrés différents, de carence auditive. Le pire cas étant de loin celui du premier ministre. Enfermé dans sa bulle opaque du pouvoir, il refuse d’entendre la voix des Québécois malmenés par son austérité budgétaire et ses réformes ratées en santé et services sociaux.

Convaincu d’incarner la « modernité » et le « siècle nouveau », Philippe Couillard n’écoute pas la population. Du haut de son piédestal autofabriq­ué, il s’enferre dans ses propres certitudes. Ce manque flagrant d’écoute et d’empathie – eh oui, lâchons le mot que l’on n’ose jamais dire –, est en train de lui coûter la prochaine élection.

À force de nier les besoins réels de ses citoyens, y compris chez les plus vulnérable­s, M. Couillard programme sa propre obsolescen­ce. Peut-être devrait-il suivre des cours d’écoute active ? S’il y a une leçon à tirer de la victoire de Valérie Plante, c’est bien celle-là.

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JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique
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L’élection surprise de Valérie Plante sert un sérieux avertissem­ent à toute la classe politique.

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