Il n’est pas triste d’avoir perdu devant le parti qu’il a fondé
Richard Bergeron pourrait même choisir de revenir vers Projet Montréal
Candidat de l’Équipe Coderre défait dans Ville-Marie, Richard Bergeron pourrait maintenant choisir de se rapprocher de Projet Montréal, le parti qu’il a fondé et qui l’a battu dimanche.
Emporté par la débâcle de l’équipe du maire sortant, M. Bergeron a perdu sa place au conseil municipal, qu’il était parvenu à préserver depuis 2005.
Après trois élections passées sous la bannière de Projet Montréal, parti qu’il avait cofondé en 2004 et dirigé pendant 10 ans, l’urbaniste de formation a quitté l’opposition en 2014 pour rejoindre l’équipe au pouvoir du maire Denis Coderre.
Un changement de camp qui lui a notamment permis de diriger le projet de recouvrement de l’autoroute Ville-Marie, mais qui lui a aussi probablement coûté son siège d’élu.
PAS AMER
Pourtant, loin d’être amer, Richard Bergeron a plutôt rendu hommage, hier matin, à son ancien parti et à sa nouvelle chef. « Je ne suis pas désolé d’avoir perdu, dans les circonstances. Projet est arrivé à bon port avec une capitaine fantastique. Bravo @ ValPlante », a-t-il écrit sur Twitter.
M. Bergeron n’a pas non plus perdu de temps à réaménager sa biographie sur le réseau social.
Disparus, ses titres de membre du comité exécutif, de conseiller de Saint-Jacques pour l’Équipe Coderre et de v.-p. de la Commission sur l’inspecteur général. M. Bergeron se présente désormais comme « toujours au service de Montréal, fondateur de Projet Montréal, auteur et urbaniste ».
Dans un bref entretien téléphonique, hier, il ne semblait pas abattu par la défaite et a même tenu à adresser un message bienveillant à son ancienne formation.
« Je ne m’exprimerai pas aujourd’hui [hier], je le ferai mercredi ou jeudi, car aujourd’hui, la journée appartient à Valérie Plante et Projet Montréal », a-t-il dit.
RAPPROCHEMENT ?
Pour Danielle Pilette, professeure à l’UQAM et spécialiste des affaires municipales, un rapprochement entre M. Bergeron et Projet Montréal n’est pas à exclure.
« Richard Bergeron est un homme de dossier, il connaît bien Montréal et notamment Ville-Marie, dit Mme Pilette. Valérie Plante pourrait le nommer à un poste important d’un organisme paramunicipal. »
La nouvelle mairesse a d’ailleurs rappelé, hier, qu’elle était prête à confier des postes à des membres de l’opposition. « Il est clair que je veux aller chercher les meilleurs éléments. Je suis très, très ouverte », a-t-elle dit à LCN.
Mme Pilette imagine même un poste taillé sur mesure d’adjoint politique pour Ville-Marie. « Il faut comprendre que le maire de Montréal est aussi président de la Communauté métropolitaine de Montréal et maire de Ville-Marie. Alors, ce serait bénéfique pour les citoyens de Ville-Marie d’avoir un représentant qui connaît bien l’arrondissement et qui a du temps pour les écouter », dit la professeure.
CAMPAGNE DE PEUR
En fin de campagne, M. Bergeron avait toutefois eu des mots très durs à l’encontre de son ancien parti, le jugeant « radical » et tourné vers « l’extrême gauche ».
Pour Mme Pilette, ces critiques n’hypothèquent pas un rapprochement. « Selon moi, ça faisait simplement partie d’une campagne de peur inspirée par le parti de M. Coderre. Et on voit que ça n’a pas fonctionné. »