Elle aurait été victime d’agressions sexuelles à Los Angeles
Rose Dubuc avait 17 ans lorsqu’elle a rencontré Anthony Turano. C’était en 2013. Le modèle s’était rendu dans un hôtel du centre-ville de Montréal avec son agent, Martin Wheeler, pour passer ce qu’elle croyait être une audition pour le magazine Playboy.
« Anthony me dit qu’il ne tripe pas quand les agents sont là pendant les shoots, qu’ils sont trop parentaux », se remémore-t-elle quatre ans plus tard au bout du fil.
L’agent était méfiant, mais le photographe avait une bonne réputation, ayant collaboré avec des magazines de renommée internationale et de nombreuses marques de vêtements.
« Rose avait accepté d’auditionner à condition que je descende à Montréal avec elle. Avant de la laisser là, je lui ai dit de me texter s’il y avait un problème et que je serais juste à côté, en train de prendre un café », raconte M. Wheeler.
Après la séance, Turano lui aurait dit qu’elle devait compléter la prochaine partie de l’audition, soit une entrevue pour la chaîne pornographique Playboy TV. Il lui aurait alors implicitement demandé des faveurs sexuelles.
« Il allume sa caméra, la place à côté de la télévision, commence à m’embrasser et me dit que c’est ça, l’entrevue. Ensuite, il me dit des choses comme “imagine que t’es au lit avec ton chum et que vous niaisez” », dit-elle.
Rose Dubuc refuse d’aller plus loin. Le photographe s’excuse et lui dit qu’il avait pourtant prévenu son agent à ce sujet, ce que ce dernier dément toujours aujourd’hui.
M. Turano nie avoir tourné ou proposé de tourner des vidéos dans lesquelles il assumait le rôle d’acteur masculin pour Playboy. Il nie également avoir collaboré avec Playboy TV, ayant simplement travaillé pour les propriétés web du magazine américain.
« Les vidéos que Playboy demande ne contiennent que de la nudité. Il n’y a aucun acte sexuel », dit le photographe.
Des conversations Facebook que nous avons pu consulter démontrent le contraire. Dans celles-ci, M. Turano explique à Marianel Moschetto, The Model’s Coach, en quoi consistent les auditions. Il mentionne entre autres qu’elle se fait en trois parties, qu’il sera l’acteur masculin, et qu’il travaille pour Playboy TV. Mme Moschetto se faisait passer pour une femme qui était intéressée à auditionner, alors que son intention était d’extirper de l’information de M. Turano afin de prévenir d’autres modèles de son stratagème.
À LOS ANGELES
Fin 2016, Rose Dubuc clavarde avec Anthony Turano. Ils avaient gardé contact depuis la séance pour Playboy, Rose croyant que les excuses du photographe étaient sincères. Il s’excuse encore pour l’incident et mentionne au passage qu’un de ses assistants a annulé un shooting d’une semaine prévu prochainement à Los Angeles. Il offre à Rose de le remplacer.
« Je lui ai dit que je n’avais pas d’argent, mais il m’a répondu que les billets et l’hôtel seraient payés par les clients. J’avais pas beaucoup de contrats, donc j’ai accepté d’y aller. Une fois à l’hôtel, on rencontre le modèle, on parle du shoot, et là, le cauchemar commence », dit-elle.
Anthony Turano lui aurait mentionné sur place que le client avait accidentellement loué une seule chambre avec un seul lit et qu’ils devraient le partager pour les six prochaines nuits. Rose Dubuc affirme que le photographe l’aurait agressée sexuellement à de multiples reprises au courant de la semaine.
MANIPULÉE
M. Turano a nié qu’une situation de partage de lit avec un assistant ne se soit jamais produite depuis le début de sa carrière, à une exception près, il y a quelques mois.
« Tous les soirs, il me mettait de la pression, on avait des relations sexuelles et on se couchait. Il n’a jamais cherché le consentement. Je lui ai dit plusieurs fois que ça ne me tentait pas, que je ne voulais pas, mais il s’en est complètement câlissé et s’est imposé », affirme Rose Dubuc.
Si elle se reproche encore aujourd’hui d’avoir accepté de partir à Los Angeles, la mannequin estime avoir été fortement manipulée par Anthony Turano et s’être sentie impuissante.
M. Turano dément pour sa part toute allégation d’agression sexuelle. Avant de désactiver ses comptes sur les réseaux sociaux, il comptait plus de 91 000 abonnés Instagram et 26 000 sur Facebook. De 2002 à 2017, il a notamment collaboré avec les chaînes Parasuco, La Baie d’Hudson et Garage, et les magazines GQ, Sports Illustrated et Vogue.