Des experts réclament des enquêtes indépendantes
OTTAWA | Des enquêtes sont réclamées sur les révélations des Paradise Papers par de multiples experts qui estiment que les controverses qui s’accumulent ont détruit la confiance du public envers le gouvernement Trudeau.
« Il faut absolument qu’il y ait une enquête indépendante pour aller au fond de cette histoire. Lorsqu’on analyse ce qui a été dévoilé dans les Paradise Papers, on voit tout ce qui va mal dans la démocratie au Canada et je pense qu’une enquête révélera la relation malsaine entre les politiciens et les lobbyistes » , lance Duff Conacher, fondateur de Democracy Watch.
« Nous évaluons que ce sont environ 10 à 15 milliards $ qui échappent aux différents paliers de gouvernement au Canada à cause des paradis fiscaux. Les Canadiens étaient déjà outrés après la fuite des Panama Papers, et là, c’est certain qu’ils vont être encore plus révoltés. Il faut qu’il y ait enquête », martèle pour sa part Dennis Howlett, de Canadians for Tax Fairness.
Ceux-ci réagissaient à une fuite de documents obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (CIJI) qui indiquent que Stephen Bronfman, un proche de Trudeau, se serait associé à l’ex-sénateur libéral Leo Kolber dans le but de mettre sur pied différents stratagèmes pour cacher 60 millions $ US dans les paradis fiscaux.
Environ 3000 autres personnes sont mentionnées dans les documents analysés par le Toronto Star et CBC/ Radio-Canada.
Outre ces experts, même la chef du Bloc québécois, Martine Ouellet, a exigé la tenue d’une enquête formelle et a demandé au Parti libéral de se dissocier de M. Bronfman en attendant.
PEU D’ESPOIR
Or, il y a peu d’espoir que le gouvernement actuel aille au fond de l’affaire et règle les « nombreuses » lacunes dans les lois fiscales qui permettent aux ultra-riches de profiter d’échappatoires fiscales, s’inquiète le spécialiste en fiscalité Alain Denault.
« Le gouvernement libéral n’a absolument plus aucune crédibilité dans la lutte aux paradis fiscaux. Essentiellement, on apprend que ce sont ceux qui ont profité des échappatoires fiscales qui ont financé leur montée au pouvoir. Pourquoi ils y mettraient fin alors ? », se questionne-t-il.