Le Journal de Montreal

Un père aurait agi en tyran durant 20 ans

L’homme de la Beauce fait face à 62 chefs d’accusation

- NICOLAS SAILLANT

SAINT-JOSEPH-DE-BEAUCE | Violences quotidienn­es, agressions sexuelles, menaces de mort, injures systémique­s, les qualificat­ifs sont nombreux pour décrire toute l’horreur qu’une famille de la Beauce a vécue de la part d’un père qui agissait en tyran.

« Extrêmemen­t violent » pendant près de 20 ans à l’endroit de 13 victimes, le tyran de la Beauce – nommé ainsi pour protéger l’identité des victimes – aurait été d’une violence inouïe à l’endroit de ses enfants.

À l’ouverture du procès, hier, le premier témoin, fils de l’accusé, a fait un témoignage à glacer le sang des sévices vécus dans sa famille.

Dès son plus jeune âge, le garçon du tyran s’est fait battre et a vu son frère aîné être martyrisé.

« Ç’a été l’enfer, j’ai été battu, j’ai vu des atrocités de mes yeux », a dit la victime, incapable de compter les « volées quotidienn­es » qu’il a reçues.

« En Beauce, c’est là que l’enfer s’est déchaîné », a dit l’homme. À la chasse aux lièvres avec ses fils, le tyran était devenu fou de rage parce qu’un des jeunes avait fait du bruit.

L’accusé avait alors pointé son arme sur son fils, qui a juste eu le temps de se cacher derrière un arbre avant que deux coups de calibre .22 retentisse­nt.

« J’étais persuadé à 100 % qu’il était mort », a dit le témoin. Visé à son tour, le témoin s’était sauvé tout en entendant son frère crier « cours en zigzag ».

« Les balles ricochaien­t sur les pierres et les arbres », se rappelle-t-il.

Cette même arme a été utilisée à de multiples reprises pour « terroriser ».

Vidant le chargeur en direction de l’un, ou encore en « enfonçant le canon dans la bouche de ma mère » devant toute la famille.

AGRESSIONS SEXUELLES

La deuxième témoin est venue raconter avoir vu sa soeur être forcée de faire des fellations à son père en plus d’avoir été victime d’attoucheme­nts elle-même.

Les deux premiers témoins sur les neufs de la fratrie qui vont se présenter à la barre ont indiqué avoir vu et entendu leur mère, aujourd’hui décédée, être violée.

Parce qu’elle ne pleurait pas alors qu’elle recevait des coups de ceinture, son père avait alors pris la boucle de celle-ci pour la fouetter. « J’en garde encore une cicatrice », a-t-elle dit au juge.

Forcée de travailler à la ferme, une victime a décrit le garage comme « l’endroit le plus abominable au monde ».

« On n’avait pas le droit à l’erreur jamais », a-t-il dit en racontant la fois où il a eu le pied fracturé, victime d’un coup « de masse à clôture ».

Le procès concernant des gestes survenus entre 1978 et 2005 se poursuit demain avec d’autres enfants du tyran de la Beauce.

Après une période un peu plus tranquille, où le tyran a soudaineme­nt adopté la religion juive, le premier témoin aurait été tatoué de force par son père d’un signe religieux sur le bras.

« C’était comme dire “battez-moi” », a expliqué la victime en montrant son tatou au juge.

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