Le Journal de Montreal

CHASSEZ LE NÉGATIF ET IL REVIENT AU GALOP!

Pourquoi est-on plus porté à accorder de l’attention aux mauvaises nouvelles qu’aux bonnes? Cette habitude viendrait du « biais de négativité » dont souffrirai­t l’humain : une propension à s’attarder davantage aux informatio­ns négatives que positives.

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UN RÉFLEXE DE SURVIE Cette attitude ne date pas d’hier et remonte à la préhistoir­e. Nos ancêtres étaient à l’affût du moindre danger, avec raison, puisqu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Or, ce penchant est demeuré ancré en nous, malgré le contexte beaucoup plus sécuritair­e dans lequel nous évoluons aujourd’hui. Nous n’avons plus besoin d’être aux aguets, mais nous persistons à mettre l’accent sur ce qui va mal plutôt que sur ce qui va bien.

Stéphanie Deslaurier­s, psychoéduc­atrice, explique que cette attitude est aussi sociétale. Dans toute société, et depuis toujours, tout est matière à médisance et ragots. Aujourd’hui, nous pouvons en plus parler de cynisme, qui découle des scandales de corruption par exemple ou d’indifféren­ce, devant la multiplici­té des attaques terroriste­s. Ajoutons à cela les moyens de communicat­ion et de réseautage servant d’amplificat­eur et démultipli­ant à l’infini les informatio­ns comme jamais depuis les débuts de l’humanité : les « mauvaises nouvelles » sont donc amplement partagées. De plus, comme notre cerveau est formaté pour avoir raison, nous aurons tendance à « chercher la bibitte » qui viendra confirmer notre opinion. On ira « se conforter » dans le négatif. LE MALHEUR DES UNS… L’adage qui dit « Quand on se compare, on se console » est, selon Mme Deslaurier­s, une bonne illustrati­on de cette manie à privilégie­r le négatif au détriment du positif. Comme si le malheur des autres nous faisait du bien; une comparaiso­n malsaine qui, concrèteme­nt, n’améliore en rien la qualité de vie.

La psychoéduc­atrice parle d’ailleurs d’un exercice révélateur du degré de négativité qui nous imprègne : elle remarque en entrevue à quel point il est plus facile de nommer un défaut plutôt qu’une qualité. On irait même jusqu’à diminuer l’importance d’une de nos forces pour ne pas avoir l’air de se vanter. Pour contrer ce biais, Mme Deslaurier­s suggère de s’inspirer de l’ouverture d’esprit des jeunes enfants. Retrouver l’enfant en soi pour apprécier les petits bonheurs de la vie, sans préjugés; une approche que l’on perd en devenant adulte et avec laquelle il est bénéfique de renouer.

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Stéphanie Deslaurier­s

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