Le Journal de Montreal

Bill, le talon d’Achille de Justin

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

En matière d’éthique fiscale, le ministre des Finances Bill Morneau entache le gouverneme­nt de Justin Trudeau.

Et à cause de lui, je doute que le gouverneme­nt Trudeau puisse avoir la crédibilit­é nécessaire pour faire rapidement la lumière sur les présumés stratagème­s fiscaux que deux richissime­s proches du gouverneme­nt libéral auraient utilisés pour esquiver l’impôt.

Tout d’abord, voici trois faits qui discrédite­nt le ministre des Finances, et indirectem­ent son chef.

BAHAMAS

Lorsqu’il dirigeait Morneau Shepell, la grande firme spécialisé­e en gestion de ressources humaines et de fonds de retraite qu’avait fondée son père, Bill Morneau avait ouvert en 2014 une filiale aux Bahamas, l’un des populaires paradis fiscaux. Avec tous les scandales d’évasion fiscale qui éclatent au grand jour depuis l’an dernier, comment peut-on prendre au sérieux notre ministre des Finances lorsqu’il est question de serrer la vis aux paradis fiscaux et de mener la lutte à l’évitement fiscal ?

CONFLIT D’INTÉRÊTS

Bill Morneau se retrouve actuelleme­nt dans une situation extrêmemen­t vulnérable. L’opposition l’accuse de s’être placé en situation de conflit d’intérêts pour ne pas avoir transféré, dès sa nomination à titre d’argentier, ses actions de l’entreprise familiale Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard ainsi que les actifs de ses six entreprise­s à numéro. Bien qu’il ait finalement décidé de corriger la situation, en vendant ses actions de Morneau Shepell pour plusieurs millions $ et en plaçant le reste de ses actifs dans une fiducie sans droit de regard, le ministre a l’éthique égratignée pour longtemps.

L’AMENDE

Comble d’insoucianc­e, le ministre Morneau a été condamné à payer une amende de 200 $ pour violation à la Loi sur les conflits d’intérêts, alors que, selon la CBC, il avait attendu deux années avant d’informer la commissair­e aux conflits d’intérêts et à l’éthique qu’il était partenaire d’une compagnie détenant une villa en France.

PARADISE PAPERS

Se basant sur une fuite de 5000 pages de documents des Paradise Papers analysées par le Consortium internatio­nal des journalist­es d’investigat­ion (CIJI), le Toronto Star et CBC/Radio-Canada rapportent que le président du financemen­t du Parti libéral du Canada, Stephen Bronfman, et l’ancien sénateur libéral Leo Kolber auraient mis sur pied différents stratagème­s pour cacher des millions $ aux îles Caïmans, à l’abri du fisc. Stephen Bronfman dément vivement avoir utilisé pareils stratagème­s fiscaux. Cela dit, il faut vérifier… Quelle serait la solution idéale pour faire la lumière sur cette affaire et les autres cas d’évasion fiscale rapportés par l’entremise des Panama Papers et Paradise Papers ?

Selon Marwah Rizqy, professeur­e au Départemen­t de fiscalité de la Faculté d’administra­tion de l’Université de Sherbrooke, il faudrait mettre en place une commission publique d’enquête (avec des experts indépendan­ts) et donner le mandat à la GRC de mener une enquête criminelle.

Assurément, cela viendrait solidement appuyer le programme de lutte à l’évasion fiscale de l’Agence du revenu du Canada (ARC).

L’ARC affirme avoir réussi à récupérer 25 milliards $ au cours des deux dernières années.

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