Le Journal de Montreal

Notre télé aura enfin sa place sur YouTube

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Aujourd’hui, YouTube inaugure à Toronto une nouvelle chaîne spéciale consacrée uniquement à du contenu canadien. Pour l’instant, le catalogue de cette chaîne canadienne est plutôt modeste, mais le nombre d’émissions, de séries et de films qu’elle présentera devrait doubler d’ici au mois de mars prochain et continuer d’augmenter graduellem­ent par la suite.

La chaîne sera à la télévision canadienne ce qu’Éléphant, le projet créé et soutenu par Québecor, est au cinéma québécois. La chaîne assurera la pérennité de films de long métrage, de séries et émissions francophon­es et anglophone­s. Elle réservera aussi une place aux oeuvres autochtone­s, qui devraient représente­r environ 10 % du contenu.

L’an dernier, le CRTC et l’Office national du Film ont organisé à Ottawa un colloque de deux jours sur ce qu’ils ont appelé « le sommet de la découvrabi­lité ». Il s’agissait pour les participan­ts de trouver des solutions pour que nos émissions canadienne­s « se fassent voir », non seulement chez nous mais à travers le monde. On y a tenu de savants propos, on y a invité de célèbres conférenci­ers, mais on cherche encore des solutions.

CHOISIR, QUEL DILEMME !

La nouvelle chaîne est en quelque sorte une réponse pratique au problème de découvrabi­lité. Ce n’est pas seulement notre problème, mais celui de tous les pays. C’est aussi celui de chacun d’entre nous.

Il n’existe pas d’études sur le sujet, mais je suis convaincu que des millions de personnes s’accrochent à leurs vieilles habitudes d’écoute parce qu’elles n’arrivent plus à choisir. Elles regardent presque toujours le même genre d’émissions et les mêmes chaînes parce qu’elles se sentent impuissant­es devant les centaines d’émissions que leur offre la télé traditionn­elle et les milliards de vidéos qui sont disponible­s sur internet.

Même s’ils sont censés nous simplifier la vie en nous proposant des choix semblables à ceux que nous avons déjà faits, j’ai l’impression que les algorithme­s, l’arme secrète de Netflix et compagnie pour nos appâter, amplifient encore notre indécision.

Après avoir repassé deux ou trois fois le guide qu’on présente à l’écran, après avoir soupesé les choix qu’offrent Illico ou Netflix, butiné sur YouTube et consulté mon Apple TV, combien de soirs je finis par tout éteindre pour me rabattre sur un livre ou un magazine.

300 HEURES À LA MINUTE

S’il n’y avait ni algorithme, ni chaînes spéciales, ni lien internet pour attirer notre attention, trouver un contenu sur YouTube serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin grosse comme l’Everest. Il y a de quoi. Toutes les minutes, des individus du monde entier télécharge­nt 300 heures de vidéos sur YouTube et on visionne chaque jour cinq milliards de vidéos.

En plus d’être la télévision du peuple – n’importe qui pouvant s’y faire voir – YouTube est devenu une véritable télévision « mondiale ». On y trouve des vidéos en 76 langues sur autant de sujets et de thèmes qu’on puisse imaginer.

Alors que les Américains constituen­t la moitié des abonnés de Netflix, seulement 20 % des 30 millions de personnes qui syntonisen­t YouTube chaque jour sont d’origine américaine. D’ici à sept ou huit ans, YouTube sera l’unique plateforme que fréquenter­a la moitié des téléspecta­teurs âgés de 32 ans et moins.

Dieu soit loué, à partir d’aujourd’hui, le Québec et le Canada y sont assurés d’une petite place !

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